• Salut salut !

    Comment ça va ? Bon je sais un mois c'est long mais le plaisir n'en est que meilleur !

    Attention, la température monte d'un cran dans la fin du chapitre alors jeunes lecteurs, survolez votre lecture !

    Sur ce, bonne lecture, reviews, et si vous aimez, partagez !


    C'était le guerrier le plus fort, le plus courageux, le plus féroce de toute l'île de Beurk. Il était sans aucun doute le viking le plus brave qui ait jamais vécu sur Terre ; rien ne lui faisait peur, pas même la mort… et encore moins les dragons qui assaillaient Beurk à répétitions depuis des décennies. Lors des batailles, il se trouvait toujours en première ligne et fonçait dans le tas tête baissée sans se soucier de ce qui pouvait arriver. Heureusement pour lui, il n'y avait pas de femme chez lui à l'attendre, il avait toujours été assez solitaire. Ça ne l'empêchait cependant pas d'être l'un des bras droit de Stoïck la Brute, le chef de notre village et mon mari. Erik avait tout intérêt à être ami avec le chef, en état de beau-frère de ce dernier.

    Le jour où il avait disparu avait été un traumatisme. C'était un raid comme les autres sur Beurk, la nuit, des dragons qui envahissaient l'île pour voler de la nourriture, quoi de plus normal ? Mais ce soir-là, je n'étais pas de sortie, je venais d'apprendre que j'étais enceinte et Stoïck avait décrété que je ne devais plus participer aux raids quels qu'ils soient : Repos. Et tout ça pour mon plus grand bonheur. Erik avait une idée qui lui trottait dans la tête depuis déjà un petit moment : il voulait abattre un furie nocturne. Tout le monde l'en avait pourtant dissuadé, moi la première, mais il ne voulait pas entendre raison. Il disait que c'était pour sa gloire personnelle, qu'il en avait besoin et lorsqu'on lui disait que c'était trop dangereux, il se défendait en déclarant que les furies nocturnes étaient des dragons comme les autres. Rien ni personne n'aurait pu le faire changer d'avis mais malgré ça, je me sentais coupable. J'avais laissé mon petit frère dehors sans protection, mon instinct de grande sœur protectrice prenait toujours le dessus lorsqu'il s'agissait d'Erik. Toujours, sauf ce jour-là, car ce jour-là j'étais trop occupée à me réjouir de la nouvelle qui allait changer ma vie. J'étais tellement surexcitée à l'idée d'être mère que j'avais oublié tout le reste, j'avais oublié Erik.

    « Les combats faisaient rage dehors », m'avait dit Stoïck, « Je m'occupais de régler l'affaire d'un gronk ou deux et là… », il s'était interrompu, « J'ai vu Erik se faire attraper violemment par un furie nocturne, il l'a emmené Valka… ». Le sol avait semblé s'écrouler sous mes pieds, j'avais perdu mon seul et unique frère et tout ça parce que je n'étais pas parvenue à le convaincre de ne pas attaquer ce dragon. Je n'avais pas su le ramener à la raison, je n'avais pas su le protéger. Tout était de ma faute.

    « Je ne lui avais même pas dit que j'étais enceinte » fut la seule phrase que je parvins à articuler.

    Et il se tenait là, devant moi, en chair et en os et bien vivant, entouré de furies nocturnes…

    – Valka ! Mais enfin, qu'est-ce que tu fais là ?

    – Ce serait plutôt à moi de te poser la question… je baissai la tête, tu étais mort Erik, tout le monde te croyait mort…

    Il fit un pas dans ma direction.

    – Je suis là maintenant… dit-il tout en avançant lentement vers moi. Je suis là…

    Il me prit dans ses bras et je le serrai de toutes mes forces. Je m'accrochais à lui comme si sa vie en dépendait, je voulais le protéger, j'ai toujours voulu le protéger… Les premiers sanglots me submergèrent, je me laissai m'abandonner aux émotions soudaines qui m'envahissaient, dans ses bras. La tristesse, la joie, la colère, toutes ces émotions s'apparentaient à nos retrouvailles et, bien que totalement opposées, c'était exactement ce que je ressentais. La tristesse de ne pas l'avoir retrouvé plus tôt, la joie de le retrouver et la colère encore bien ancrée en moi qui me rappelait que c'était à cause de moi s'il avait disparu.

    – Tu m'as tellement manqué… soufflai-je.

    – Toi aussi… me dit-il au creux de l'oreille.

    Je me retournai vers Gueulfor qui vint tout de suite faire une poignée de main amicale à mon frère.

    – Et bah ! Ça fait un bail Erik ! On te croyait tous mort ! Mais qu'est-ce que tu fiches ici ?

    – Wow wow wow ! Temps mort ! On a rien pigé de ce qui se passait là ! cria Kranedur.

    – Ouai, c'est qui ce type ? renchérit Kognedur.

    – Erik est mon frère, dis-je.

    Ils firent de grands yeux étonnés.

    – Mais on savait pas que vous aviez un frère ! s'indigna Rustik.

    – Comment ça se fait que personne n'ait jamais parlé de lui ? demanda Varek.

    – S'il "était" mort, ça parait évident qu'on ne vous ait jamais parlé de lui, lâcha Eret.

    – Ah bah oui… articula Kranedur.

    – Oh tu es si intelligent Eret ! s'exclama Kognedur en s'agrippant à lui.

    Celui-ci déglutit difficilement sans parvenir à se dégager de son étreinte.

    – Suivez-moi, déclara Erik.

    Nous le suivîmes à travers la forêt, suivis de toute sa clique de furies nocturnes. Ceux-ci paraissaient extrêmement liés à leur maître et en l'occurrence ici, Erik. Je n'arrivai pas à le croire : mon frère, ce guerrier sans peur et tueur de dragons, un dragonnier. Je m'interrogeais surtout sur la façon dont il avait changé et comment il était parvenu à les apprivoiser. Nous arrivâmes finalement dans un endroit reculé de la forêt, près d'un cours d'eau, sa hutte y trônait.

    – Vous voilà dans mon humble chez moi ! s'exprima-t-il.

    Il nous invita ensuite à nous approcher de la rivière pour nous y rafraîchir. Il est vrai que nous ne nous étions pas arrêtés une seule fois durant notre escapade. Une fois désaltérés, nous sentions tous d'un coup notre ventre crier famine ; manger n'avait pas été notre préoccupation première non plus.

    – Vous avez l'air d'avoir faim. Ça vous dirait une partie de pêche ? dit-il en nous gratifiant d'un large sourire.

    – Ça peut être amusant… répliqua Eret sur un ton narquois.

    – Alors que la partie commence ! lança Rustik.

    La compétition se fit de plus en plus agressive. Deux équipes s'étaient formées : la première avec Eret, Kognedur, Kranedur et Geulfor contre Rustik, Varek, Erik et moi. Nous attrapions tous les poissons qui passaient dans la petite chute d'eau du courant. Le match était serré : à chaque fois qu'une équipe prenait de l'avance sur l'autre, celle-ci rattrapait vite fait son retard et ainsi de suite. Nous finîmes au total par attraper une dizaine de poissons chacune.

    L'après-midi se termina ainsi, en grillant la friture fraîchement pêchée plus tôt. Nous nous assîmes autour d'un grand feu pour nous y réchauffer. Nous commençâmes à manger en dégustant les poissons grillés. Lorsqu'Erik s'assit avec nous, je ne pus m'empêcher de lui poser la question que je mourrais d'envie de lui poser depuis que je l'avais revu :

    – Erik, je me demandais… comment as-tu fais pour survivre, toi qui détestais autant les dragons ? m'enquis-je.

    – Très bonne question Val' ! Et bien, je suppose que vous vous souvenez de cette nuit où j'ai disparu ?

    – Comme si c'était hier, répondis-je tristement.

    – Bien. Vous savez tous que j'étais à la recherche de ce furie nocturne depuis des semaines… Et ce soir-là, il s'est présenté à moi comme un cadeau venu des dieux. Je n'ai pas pu patienter plus longtemps, j'ai foncé tête baissée comme tout bon viking qui se respecte. J'ai alors sorti ma plus belle épée et l'ai pointé droit devant moi et, une masse dans l'autre main, je l'ai lancé droit devant moi mais à mon grand désespoir (il nous regarda chacun notre tour pour préserver le suspens puis il se leva d'un coup en levant les bras au ciel) j'ai manqué mon coup ! s'écria-t-il. Et c'est là que le reptile est arrivé à toute vitesse sur moi, il marqua une pause, il m'a prit les épaules et je me suis envolé avec lui ! J'ai bien tenté de me débattre mais impossible de me défaire de son emprise ! En plus, mes armes étaient restées sur Beurk alors quand il me déposa sur son île, impossible de me défendre ! Heureusement, j'avais encore quelques armes en moi : ma force et mon courage. Donc je réussis quand même à les éloigner de moi. J'ai passé mes nuits et mes journées sans rien manger, de peur de tomber sur l'un deux. Jusqu'à ce qu'un jour, un petit furie m'apporte de la nourriture. Et ce, tous les jours ! J'ai fini par me lier d'amitié avec ce bébé aux yeux bleus, c'est elle là-bas, c'est Lifa. Il sourit tendrement. Elle m'a sauvé la vie. Je compris donc que ces bêtes n'étaient pas ce que l'on croyait. J'ai finis par approcher la famille de la petite Lifa et ils étaient tous aussi dociles qu'elle. Mon quotidien avait été rythmé par toutes les découvertes que je faisais sur eux tous les jours. J'avais déjà remarqué le fait qu'ils ne côtoyaient pas les autres dragons, ce qui était étrange, enfin bon, c'est comme ça, soupira-t-il. Et puis un jour, une furie nocturne pondit un œuf, elle restait autour nuit et jour et l'éclosion n'allait pas tarder. (Il prit soudain un regard sombre) Mais ce jour-là, nous nous sommes faits attaqués. Je n'avais jamais vu de pareils gens, ils sont descendus sur l'île et ont tout détruit sur leur passage… Et ils ont tué des dizaines et des dizaines de furies nocturnes, ils ont prit les œufs et les ont détruits sauf l'œuf dont je vous ai parlé toute à l'heure, lorsque le bébé furie nocturne en est sorti, ils l'ont attrapé et l'ont emmené avec eux. Je m'en souviendrai toute ma vie, c'était le seul furie nocturne à avoir ces yeux d'un vert intense comme je n'en avais jamais vu. C'est après cette attaque, que nous avons finalement réussi à repousser, que j'ai pris ma décision. Je me suis juré de protéger cet endroit coûte que coûte et de ne plus jamais laisser faire ça.

    L'histoire d'Erik était pénétrante, j'assemblais enfin les pièces du puzzle. Mon frère n'avait pas tant changé que ça en fin de compte, il avait préservé sa loyauté et son honneur.

    Je me rendis compte subitement que je ne lui avais même pas parlé d'Harold alors que c'était la raison principale de notre venue ! Comment avais-je pu l'oublier ne serait-ce qu'une seule seconde ? Je me tournai vers Erik.

    – Oh comme vous vous entendriez si bien mon fils et toi ! lançai-je.

    – Toi, un fils ? sourit-il, ému.

    – Il s'appelle Harold et il a un furie nocturne ! m'exclamai-je.

    – Harold…

    Il avait l'air troublé.

    – Erik, ça va ?


    Nous étions toujours blottis l'un contre l'autre. Les bras forts d'Harold m'entouraient de leur chaleur. J'étais avec lui et tout allait bien. La confession qu'il venait de me faire m'avait surprise, je ne pensais pas qu'il vivait aussi mal la situation que moi. Et moi qui croyais qu'il était passé à autre chose… J'avais tout faux : il s'inquiétait terriblement pour moi et se sentait inutile… Alors que c'était tout le contraire, j'avais besoin de lui mais je ne le lui avais tout simplement pas montré. Il resserra son étreinte.

    – Ça va ? m'interrogea-t-il, inquiet.

    – Oui, ne t'inquiète pas, je vais bien, lui souris-je.

    Je passais mes bras autour de son cou et l'embrassai en-dessous du menton. Je me tournai ensuite et me positionnai face à lui en passant mes bras derrière sa nuque.

    – Alors comme ça tu voudrais "réessayer" ? lui susurrai-je d'une voix taquine.

    Je rapprochai mon nez du sien et le lui frottai en fermant les yeux. Il eut un sourire en coin et me considéra avec amusement.

    – Astrid… dit-il dans un souffle, pas ici… pas maintenant… continua-t-il de murmurer tout en m'attirant vers lui. Nous sommes prisonniers.

    – Mon prisonnier… lui chuchotai-je à l'oreille.

    Je me penchai pour l'embrasser mais il me devança et m'attira tout contre lui en prenant le contrôle de mes lèvres puis de ma bouche. Nos langues rentrèrent en contact et un électrochoc me parcourut le corps jusque dans mon bas-ventre. Nous reprîmes notre respiration succinctement et je lui souris en entrouvrant les lèvres avec envie, pendant que lui me dévorait du regard. La chaleur monta d'un cran et j'entrepris de lui retirer son haut, en commençant par son armure puis je posai mes mains sur son torse nu si bien dessiné. Il m'enleva mes épaulettes en métal et je défis ma capuche si lourdement chaude. Il m'attira à lui et me plaqua au sol, sur la paille présente dans la cavité. Il se positionna au-dessus de moi et me retira mon haut, je me laissai faire, il le faisait si bien… Il se pencha alors sur mon bas-ventre et commença à embrasser toutes les petites parcelles de ma peau lentement, il remonta jusqu'à mon nombril, puis entre mes côtes pour arriver à ma poitrine qu'il asséna de baisers tout doucement. Il revint vers mon cou pour parvenir jusqu'à ma bouche et je plaquai mes lèvres contre les siennes en le goûtant de toute mon âme. Le désir se faisait de plus en plus fort mais nous fûmes surpris par des voix qui se rapprochaient. Nous nous lançâmes un regard entendu et je renfilai mon haut à la vitesse de la lumière tout en raccrochant mes épaulettes à pointes là où elles devaient être. Harold se rhabilla tout aussi vite, prêt à riposter en cas de besoin. Il sortit son épée de feu. Et là, des hommes en armures se postèrent devant nous avec un air indescriptible qui ne laissait rien paraître. Ils s'approchèrent de la roche et décelèrent le levier qui faisait fonctionner le mécanisme pour lever les barreaux. Nous fîmes un pas dehors, nous tenant la main Harold et moi et lorsque nous la serrâmes, nous tentâmes de nous enfuir pour retrouver nos dragons. Bien évidemment, cette petite ruse ne fonctionna pas et les hommes en armures nous rattrapèrent aussitôt et nous attachèrent les mains dans le dos avec de la corde. Ils nous mirent face à eux.

    – On ne voulait pas en arriver là, vous savez, dit l'un deux.

    – Vous nous "sauvez" de cette cage pour nous faire prisonniers encore une fois, vous appelez ça comment vous ? grondai-je.

    – Du calme, ce n'était en aucun cas notre intention. Nous avons eu pour ordres de venir vous chercher sur cette île et de vous emmener en bateau.

    – De quels ordres vous parlez ? interrogea Harold avec méfiance.

    – Ça, ça ne regarde que nous, répondit froidement un autre.

    Ils nous conduisirent vers leur bateau accosté à l'Est de l'île. Nous marchâmes longuement sans parler et je ne pus m'empêcher de penser à notre petit plaisir interrompu par ces hommes à la cuirasse en métal fortifié et aux casques des plus étranges. J'étais frustrée. Non seulement ils nous emmenaient Thor sait pour où mais en plus, ils m'avaient coupé dans mon élan et je les haïssais encore plus pour ça. J'avançai, la mine boudeuse et je sentis Harold se mettre à mon niveau en m'observant, l'air inquiet. Je l'interrompis avant qu'il ne me questionne :

    – Je t'arrête tout de suite, inutile de me poser la question, ça ne va pas.

    Il sourit bêtement.

    – T'inquiètes on remettra ça, par contre je m'inquiète pour les dragons. Je les sens pas en sécurité sur cette île avec ce Erik Vemund qui s'est proclamé maître de l'île des furies nocturnes ! s'insurgea-t-il.

    – Il a dit "gardien", le taquinai-je.

    La tête du groupe stoppa la marche ; nous étions arrivés.

    – Montez ! cria-t-il.

    – Mais pourquoi vous faites tout ça ? demanda Harold.

    – Eh bien, vous poserez la question au Maître.


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  • Salut tout le monde ! Vous l'attendiez ? Et bien le voici, le voilà ! Alors attention ce chapitre était initialement prévu avec du contenu Ma mais je l'ai censuré pour qu'il soit accessible au plus grand nombre. Et ne vous inquiétez pas, j'ai écrit un long chapitre pour une fois ! Sur ce, merci beaucoup pour vos commentaires et bonne lecture !


    – Le Maître… ? dis-je d'une voix à peine audible avant de me faire entraîner avec Astrid à l'intérieur du drakkar.

    – Attendez mais qui c'est ça, le Maître ? répliqua Astrid en fronçant les sourcils.

    – Mais répondez ! requis-je.

    – Emmenez-le, lâcha l'un des hommes. Je m'occupe de la fille. Il lui attrapa le bras. Mon sang ne fit qu'un tour.

    – Non ! hurlai-je. Laissez-la !

    – Harold ! m'appela-t-elle.

    Je me précipitai vers elle mais les hommes me saisirent par les bras et le chef la tenait toujours fermement.

    – Astrid ! hurlai-je encore une fois.

    Je me débattu de toutes mes forces et parvins à me détacher de leur emprise. L'homme jeta Astrid à terre, je l'aidai à se relever.

    – Espèce de sale… commença Astrid avant de se faire couper la parole par le chef qui se pencha sur elle.

    – Si j'étais toi, j'apprendrai à me la fermer et à être une bonne fille si tu ne veux pas avoir d'ennui… (Il recula d'un pas pour se dresser droit devant nous) Quand à vous deux, c'est votre dernier avertissement, vous pourriez le regretter la prochaine fois, déclara-t-il avec froideur.

    Nous n'eûmes pas le temps de réagir qu'il nous emmenait déjà autre part : la cale du bateau était devenue notre nouvelle prison. Astrid se leva d'un bond vers la porte en la frappant violemment.

    – Laissez-nous sortir ! cria-t-elle.

    Je me levai et lui posai une main rassurante sur l'épaule, elle s'écarta de moi.

    – Non Harold, non. On va pas se laisser faire ! On doit agir, dit-elle fermement.

    – Astrid, dis-je en faisant un pas vers elle, on ne peut rien faire.

    Un pli se dessina entre ses deux sourcils.

    – Je te connais Astrid et je sais qu'à ce moment précis, tu bouillonnes intérieurement… mais je t'en pris, laisses faire les choses pour l'instant, le bateau va bien s'arrêter quelque part de toute façon… (Je posai mes mains sur ses épaules alors que celle-ci me fusillait du regard, les mains sur ses hanches) S'il te plaît, insistai-je en la regardant intensément, mon regard plongé dans le sien.

    Elle finit par laisser tomber et se détendit en se blottissant contre moi.

    – Mais qu'est-ce qu'ils nous veulent Harold ?

    Je lui caressai le haut du dos.

    – Je sais pas Astrid, je sais pas…

    Je la serrai plus fort dans mes bras, je sentis un frisson la parcourir. Je lui relevai la tête, elle avait le regard vide.

    – Qu'est-ce qu'il y a ? lui demandai-je, inquiet.

    – Et si… et si ce Maître c'était Alvin ? Ou même Dagur ! s'exclama-t-elle.

    – Quoi ? Non, ce serait insensé… A moins que…

    – A moins que quoi Harold ? s'enquit-elle.

    – A moins qu'ils soient toujours à la recherche d'un objet que nous possédons… Je te rappelle qu'ils ne sont toujours pas en paix avec les dragons Astrid, contrairement à la plupart des peuples aux alentours de Beurk.

    – Tu crois ? Mais, en y repensant, ça fait quand même longtemps qu'ils n'ont pas attaqué Beurk…

    – Justement, raison de plus pour s'en méfier.

    – Oui, tu as raison, acquiesça-t-elle.

    – Bien sûr que j'ai raison ! Et en particulier quand il s'agit de votre sécurité gente dame, lui assurai-je.

    Elle se pencha sur moi en riant faussement.

    – Haha, très drôle. Tu sais très bien que je n'ai pas besoin d'être protégée ! s'exclama-t-elle.

    – Ah oui ? Et alors, toute à l'heure avec les hommes ? Tu aurais fait quoi sans moi ?

    – Eh bien… je me serais débrouillée, je leur aurais mis une droite là où il faut et puis…

    Je l'attirai vers moi.

    – Astrid, tu as vu comment ces gars-là étaient musclés ? T'avais aucune chance… (Je ravalai un sanglot et attirai Astrid plus fort contre moi) Je… je supporterai pas qu'on te fasse du mal…

    J'enfouis ma tête dans son cou et elle me caressa les cheveux.

    – Oh, Harold, tu sais bien qu'il ne m'arrivera rien tant que je serais avec toi…

    Je relevai la tête et elle me sourit avec tendresse, je lui souris à mon tour et elle m'attira vers elle pour m'embrasser. Elle me plaqua au sol et je la ramenai vers moi en agrippant son dos. Quand d'un coup, le bateau se mit à tanguer et les secousses firent que je me retrouvai sur elle.

    – C'est mieux comme ça, sourit-elle.

    J'allais me pencher pour l'embrasser quand le drakkar bougea de nouveau et il nous fit rouler contre le mur. Nous éclatâmes de rire. Nous étions allongés sur le sol et je tenais Astrid contre moi. Le navire fut pris d'une nouvelle secousse et un tonneau roula dans notre direction, je me levai en attrapant la main d'Astrid et la ramenai dans mes bras juste avant que le tonneau ne s'éclate, lui aussi, contre le mur.

    – Eh bien, on dirait qu'une cale de bateau n'est pas faite pour ce genre de choses… dis-je.

    – Qu'est-ce que tu racontes ? s'indigna-t-elle. Il faut seulement bien se "caler"…

    Elle m'attira dans le coin de la cale et me plaça la tête entre les deux murs puis se positionna sur moi, je savais très bien où elle voulait en venir. Je contemplai cette magnifique femme -ma femme- en souriant, l'air incrédule.

     

    Je lui caressai la joue de la main gauche et l'attirai à moi pour l'embrasser à mon tour mais je fus emporté en avant et plaquai Astrid au sol sans le vouloir -bien que la position était plutôt avantageuse-, c'était le drakkar qui venait de s'arrêter. Nous nous relevâmes et des pas vinrent dans notre direction, c'étaient les hommes du Maître.

    – Allez debout là-dedans ! Nous sommes arrivés à destination… lâcha avec agacement l'un deux.

    Astrid m'attrapa la main et m'attira vers elle.

    – La traversée était trop courte à mon goût… me chuchota-t-elle à l'oreille.

    – Oui mais maintenant, on va pouvoir s'échapper, murmurai-je.

    – Avancez ! On n'a pas toute la journée non plus ! cria le chef des hommes.

    Nous suivîmes donc la troupe et sortîmes du bateau.

    – Bienvenue à Göteborg, déclara un des hommes.


    – Erik, réponds-moi, insistai-je.

    Il avait le regard vide, la tête baissée et ne disait mot, il faisait vraiment peur. Pourquoi ne me répondait-il pas ? L'avais-je tant choqué que ça en lui avouant avoir un fils ? Ou alors était-ce parce qu'ils se connaissaient déjà ?

    – Quoi… tu le connais ?! criai-je presque.

    Il releva enfin la tête vers moi avec un air coupable que je ne lui connaissais pas. Mon frère n'avait jamais été coupable de quoi ce soit, il avait toujours été un homme honnête, plein de qualités. Que lui arrivait-il ?

    – Valka, je… je connais ton fils, avoua-t-il.

    Tout le monde resta bouche-bée : comment pouvaient-ils se connaître ?

    – Mais… il n'était pas seul, reprit-il, une fille était avec lui…

    – Astrid ? dis-je, surprise.

    Elle l'aurait donc retrouvé ?

    – Oui c'est ça, acquiesça-t-il.

    – Et où sont-ils maintenant ? demandai-je, inquiète.

    – Eh bien… .

    – Où sont-ils, Erik ? lui demandai-je de nouveau sur un ton plus menaçant en me penchant sur lui.

    Il eut du mal à déglutir puis se leva en nous invitant à le suivre. Nous le suivîmes donc à travers la forêt et nous arrivâmes dans un endroit sombre et reculé du reste de la forêt, nous avancions vers une petite cavité d'où les barreaux d'une prison se tenaient. Je restai stupéfaite par ce que je venais de découvrir.

    – Comment as-tu pu Erik ? Comment ?! hurlai-je.

    – Non, attends Valka, ce n'est pas ce que tu crois !

    – Ah non ? Qu'est-ce que c'est alors ? Tu n'as pas enfermé mon fils et ma belle-fille dans ta prison ?!

    – Si, justement ! Je ne comprends pas, je les avais laissés là ! Et maintenant…

    – Et maintenant où sont-ils ?!

    Il baissa le regard, je me rapprochai de lui.

    – Erik ! Dis-le-moi ! m'emportai-je.

    – Ce sont les Slaves ! Les Slaves les ont pris.

    – Quoi ? Mais qui c'est ça encore ? interrogea Gueulefor.

    – Hé ! Je suis slave ! s'indigna Eret.

    – Oh, désolé… s'excusa Gueulefor.

    – Mais qu'entends-tu par là Erik ? lui dis-je.

    – Ce sont… Ils obéissent à un homme très puissant… Le Maître…


     

    Göteborg ?

    – Göteborg ? interrogea Astrid.

    – C'est une ville médiévale ! m'exclamai-je en m'en souvenant.

    – Suivez nous ! ordonna le chef. Le Maître vous a réservé une petite surprise…

    – Une surprise, vraiment ? Vous vous fichez de nous c'est ça ? dit-elle non sans cacher son amusement.

    – Tout à fait, une surprise. Ne me demandez pas pourquoi, je ne comprends pas non plus, répondit le chef.

    Astrid se tourna vers moi en haussant les épaules et me sourit. Je lui rendis son sourire. Nous marchâmes un petit moment durant lequel nous découvrîmes le magnifique port de Göteborg, le commerce était florissant par ici. C'était Joann qui m'en avait parlé, Göteborg était la ville où il faisait son plus gros chiffre. Nous nous arrêtâmes à un marché.

    – Bon, nous devons nous entretenir avec certaines personnes, vous allez rester là en attendant. Ragnar va veiller sur vous.

    – "Veiller" sur nous ? Mais on n'est pas des gamins ! s'indigna Astrid.

    – Astrid…

    – Bon, d'accord… Tiens, allons par là ! s'exclama-t-elle.

    Elle m'entraîna à travers les diverses échoppes et nous atterrîmes dans un commerce d'étoffes. Je découvris alors une Astrid féminine et intéressée.

    – Mais regardes Harold ! As-tu déjà vu pareil tissu ? C'est de la soie, sens comme c'est doux.

    Elle posa ma main sur le tissu et il était effectivement très agréable au toucher mais je ne voyais pas où elle voulait en venir.

    – Harold ? Est-ce que… elle ne finit pas sa phrase.

    – Quoi ?

    – Je sais que je ne t'ai jamais rien demandé mais cette étoffe ferait de si beaux vêtements ! dit-elle tout excitée.

    – Eh bien c'est que… je n'ai pas un seul sous sur moi… Je suis désolé Astrid, on pourra demander à Joann d'en apporter sur Beurk la prochaine fois qu'il viendra si tu veux ?

    – Vous connaissez Joann ? demanda la commerçante.

    – Oui, il vient vendre ses objets sur Beurk.

    – Je suis sa femme ! Vous devez être ce Harold dont il m'a tant parlé !

    – Heu… oui, c'est bien moi… répondis-je, déconcerté.

    – Vous êtes un ami de Joann, laissez-moi vous faire don de cette étoffe !

    – Vous êtes trop aimable, on ne peut pas accepter… dis-je.

    Elle nous déposa le tissu dans les bras.

    – Si, si, si, j'insiste ! assura-t-elle.

    Nous voilà donc repartis, les bras chargés d'étoffes de soie pour le plus grand bonheur d'Astrid, il est vrai qu'elle ne se faisait pas souvent plaisir. Nous rejoignîmes la troupe accompagné de Ragnar qui nous avait suivi jusque là et nous posèrent devant l'entrée d'un château. Le chef se leva et s'avança vers nous.

    – Le cadeau du Maître vous attend.

    – Quoi ? Comment ça ? demandai-je.

    – Suivez-moi.

    Le pont-levis descendit et se posa devant nous. Le chef nous invita à le traverser et nous pénétrâmes à l'intérieur du château. Nous posâmes les étoffes là où le chef nous demanda de les déposer puis nous continuâmes notre découverte de ce somptueux château. Nous nous arrêtâmes cependant dans ce qui semblait être le centre de l'édifice.

    – Bien, vous êtes libres à présent. Le château est à vous jusqu'à nouvel ordre, vous n'avez néanmoins pas le droit d'en sortir, déclara le chef. Bon séjour.

    Et ils partirent, nous laissant seuls, moi et Astrid, dans cet immense château.

    – C'est l'occasion Astrid ! Fuyons pendant qu'il en est encore temps ! m'exclamai-je.

    – Et si on visitait ce château avant ? C'est pas souvent qu'on a du temps pour nous Harold, on pourrait en profiter pour une fois, tu ne crois pas ?

    – Je sais pas Astrid…

    – Il va bientôt faire nuit de toute manière, comment veux-tu qu'on aille où que ce soit sans nos dragons ? On ferait mieux de se poser et d'attendre demain, non ?

    – T'as raison, profitons-en.

    Elle sourit comme une fillette à qui on aurait fait le plus beau cadeau du monde, elle était heureuse. Nous partîmes donc à la découverte du château. Il était effectivement immense, le nombre de pièces était incalculable tant il y en avait. Les murs étaient décorés de splendides fresques et tableaux, de magnifiques rideaux rouges et or se dressaient aux extrémités des fenêtres qui étaient elles-mêmes faites de grands vitraux. Lorsque nous eûmes enfin terminé la visite du château et après avoir mangé dans la grande salle à manger, j'étais à peine sorti de table qu'Astrid m'attrapa par le bras et m'entraîna hors de la pièce. Elle me conduisit dans une des chambres que nous avions visitée et ferma la porte derrière nous. C'était la chambre qui l'avait le plus plu par son grand lit surmonté de tissus les plus soyeux les uns que les autres avec ses coussins et les grands rideaux rouges qui surmontaient le lit. Elle s'avança lentement vers moi puis se stoppa à quelques centimètres de moi.

    – Je te veux, déclara-t-elle.

    Je fis un pas vers elle et l'embrassai avec passion. Elle avait raison, ça faisait trop longtemps qu'on n'avait pas eu un moment rien qu'à nous. Nous défîmes nos chaussures et je la pris par la taille puis la soulevai pour la porter jusqu'au grand lit, je l'y déposai délicatement et me mit sur elle. 

     

    Elle prit ma tête dans ses mains et murmura :

    – Je t'aime Harold…

    – Je t'aime aussi Astrid…

    Nous nous embrassâmes une nouvelle fois.


    – Le Maître ? Mais qui est-ce ? l'interrogeai-je.

    – Je suis à ses ordres, en échange, il assure la protection des furies nocturnes et…

    – Mais enfin va droit au but Erik ! criai-je.

    – C'est Drago Poinsanklan.

    Un silence pesant s'installa. Non.

    – Quoi ? Non, c'est impossible ! Et tu as laissé ses hommes emmener Harold et Astrid ?!

    – C'est que… j'essayais de protéger…

    – Tu n'es plus l'homme que j'ai connu Erik… Tu me déçois énormément. Où est passé l'homme d'honneur ?

    Je lui fis signe de se taire, j'en avais assez entendu. Je me tournai vers le reste de la bande.

    – Nous devons sauver Harold et Astrid avant qu'il ne soit trop tard…


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  • Bon alors, juste à temps j'ai envie de dire ! J'ai réussi à publier en mai ! Désolée pour cette TRÈS longue attente ! J'ai eu pleins d'examens alors je n'ai pas eu beaucoup de temps pour écrire, j'espère que vous me pardonnez ! 

    Sur ce, read and reviews !


    Le souvenir de la nuit dernière à peine dissipé, je me levai, vêtue des draps du lit somptueux dans lequel nous avions peu dormi et m'apprêtai à sortir du lit quand une main me retint par le bras.

    – Alors, on ne dit plus bonjour ? plaisanta Harold.

    Je me remis sous les épaisses couvertures et j'approchai mon visage de celui d'Harold. Je planai au-dessus de lui puis me penchai pour l'embrasser délicatement sur les lèvres.

    – Bonjour, dis-je dans un sourire.

    Il m'invita à me blottir contre lui, je me positionnai sur son torse, ma tête sous son cou et il m'enveloppa de la chaleur de ses bras.

    – Alors, tu as passé une bonne nuit ? me questionna-t-il.

    Je me collai un peu plus à lui en lui relevant le menton, en y frottant ma tête et lui caressai le torse.

    – Harold… C'est une des plus belles nuits que j'ai passé avec toi, j'ai savouré chaque instant, c'était divinement bon et tu as été extraordinaire… Merci, soufflai-je.

    Il resserra son étreinte autour de moi.

    – Non, c'est toi Astrid… Tu es tellement belle et si séduisante… Je… je n'arrive toujours pas à réaliser la chance que j'ai de t'avoir… Comment tu as pu me choisir moi, plutôt qu'un autre ?

    Je me redressai en penchant la tête de côté, perplexe, comment ne pouvait-il pas le savoir ? Je le regardai, amusée, lui souriant.

    – Arrête de sourire ! dit-il en m'attirant à lui. Qu'est-ce qu'il y a de si drôle ?

    – Toi, répondis-je, toujours le sourire aux lèvres.

    Il finit par me rendre mon sourire. Je pris son visage dans mes mains.

    – Harold, arrête de te sous-estimer… Tu veux savoir pourquoi je t'ai choisi toi plutôt qu'un autre ? Eh bien c'est parce que je t'aime, tout simplement. J'aime tout chez toi et ça va de ta gentillesse à ta maladresse maladive !

    Je me reculai et passai une main dans mes cheveux puis poursuivis.

    – Quand tu m'as fait voler pour la première fois sur le dos de Krokmou, ça m'a ouvert les yeux sur le monde qui nous entoure. Tu m'as ouvert les yeux sur un autre avenir. J'ai toujours pensé que je deviendrais une grande guerrière combattant des dragons et regarde où j'en suis aujourd'hui ! Je t'aime pour ta différence Harold, n'oublie jamais ça.

    Je l'embrassai sur la joue. Il était tout confus, comme la première fois où je l'avais embrassé, juste après ce merveilleux vol justement. Il finit par sourire et m'attrapa la taille par surprise puis me serra de toutes ses forces contre lui. Je me sentais en sécurité dans ses bras.

    – Merci, souffla-t-il. Merci de croire en moi, merci d'être toujours là pour moi, merci pour tout… Je ne sais pas comment je pourrais vivre sans toi… Tu es ma raison de vivre Astrid.

    – Et Krokmou alors tu l'oublies ? questionnai-je.

    – Astrid, on en a déjà parlé…

    – Oui et la dernière fois, tu as dit que tu le préférais à moi !

    – Enfin Astrid, c'est pas comparable ! Krokmou est mon meilleur ami et toi, ma femme ! s'écria-t-il.

    Je baissai la tête, honteuse. Il venait de me faire la plus belle confession qui soit et moi je l'envoyais balader… Quelle idiote… Je venais de briser un moment magique. Il me releva le menton de sa main gauche.

    – Eh… Je ne veux pas qu'on se dispute… dit-il doucement. Tu sais très bien que je ne pensais pas ce que je disais, je t'aime Astrid, je t'aime tellement… souffla-t-il en souriant tout en caressant mes cheveux.

    J'attirai son visage à moi et l'embrassai à pleine bouche, je n'étais pas douée avec les mots, je préférais les actes. Nous continuâmes à nous embrasser et nous retombâmes sur le lit avant de poursuivre nos ébats sous les draps.

    Dix-neuf ans. C'est l'âge que nous avions Harold et moi la première fois que nous avions fait l'amour. Les recherches sur les dragons avançaient bien depuis la découverte de l'Œil de dragon, nous faisions des excursions presque tous les jours et j'étais toujours aux côtés d'Harold. Notre relation s'était renforcée au fil des années et nous n'avions jamais été aussi proches, cependant, il ne se passait rien. Mise à part nos accolades affectueuses, nos baisers réguliers et les quelques enflammés, notre vie sexuelle était mortellement ennuyeuse. Je savais bien que la tradition consistait à ce qu'un couple n'ait pas de rapports avant le mariage mais Harold avait l'habitude de dépasser les traditions, non ? Et puis, à chaque fois, c'était pour notre bien à tous alors pourquoi ce serait différent ? Sympathiser avec les dragons avait été, loin d'être une erreur, la meilleure chose qui soit arrivée aux vikings. Nous aurions continué à nous battre contre eux encore très longtemps s'il n'avait pas été là. Lorsqu'il désobéissait aux ordres ou lorsqu'on avait inventé les courses de dragons, c'était pour la bonne cause. Harold bousculait souvent les choses pour le mieux. C'était la raison pour laquelle je me demandais pourquoi nous n'avions pas encore franchi le pas. Pourtant, quand j'avais découvert leur endroit secret à lui et Krokmou, il m'avait embrassé pour la première fois. Pour la première fois, c'était lui qui avait pris l'initiative de m'embrasser, pour la première fois, il avait voulu faire passer mon plaisir avant le sien. Sur le moment, j'avais pensé que nous aurions pu aller plus loin mais Harold n'avait pas voulu poursuivre. Et je restai là, songeant à tout ça, rangeant les derniers croquis d'Harold sur les nouvelles espèces de dragons dans notre repère. Varek me sortit de ma rêverie :

    – Ça va Astrid ?

    – Hein ? Heu… Oui bien sûr ! J'étais seulement perdue dans mes pensées… dis-je un peu déconcertée.

    – T'en es sûre ? Tu sais, si jamais il y a un problème, je suis à côté.

    J'acquiesçai et me replongeai vite dans mes idées. Varek était gentil mais il ne pouvait pas m'aider, il ne sortait même pas avec Kognedur…

    – Ah !

    Je poussai un cri et me retournai pour fracasser la tête de celui qui venait de m'attraper la taille par surprise et m'avait fait sursauter par la même occasion. Je découvris la tête à fracasser : celle d'Harold. Evidemment, il n'y avait que lui pour me faire cet effet là.

    – A quoi tu penses ? m'interrogea-t-il.

    – A la façon dont je vais te régler ton compte…

    Il fit son sourire en coin, il savait que je plaisantais. Je me levai et l'embrassai furtivement sur les lèvres. Puis, tout en faisant jouer mes doigts et les siens, il me demanda :

    – Alors… Qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui ?

    C'était moi qui jouais avec ses doigts à présent. Je restai fixée sur nos mains entrelacées.

    – Eh bien, j'avais pensé que nous aurions pu passer la journée ensemble, rien que tous les deux ? J'avais demandé en relevant la tête.

    – Ça me paraît faisable... avait-il dit non sans cacher son amusement. Et où tu voudrais aller ?

    Je montai nos doigts entrelacés au-dessus de nous pour me blottir contre Harold, puis ramenai mes mains derrière son cou.

    – On pourrait aller dans notre petit endroit secret ?

    Il sourit.

    – Bien sûr.

    Nous sommes donc partis après manger à dos de dragons. Lorsque nous sommes arrivés sur place, Tempête et Krokmou sont partis s'amuser plus loin comme s'ils savaient qu'on avait besoin de rester seuls. Harold et moi nous étions assis dans l'herbe et nous avions discuté tout l'après-midi durant. Tantôt dans ses bras puis blottie contre lui ou encore la tête sur ses genoux, j'étais bien. J'étais à présent allongée contre lui, la tête posée sur son torse avec un de ses bras m'enserrant la taille et nous regardions le ciel.

    – Et dire que nous aurions pu ne pas connaître ça… murmura-t-il.

    – De quoi ? demandai-je.

    – Tout ça ! Le vol, les expéditions, les dragons mais surtout cette sensation de liberté que l'on ressent quand on est là-haut…

    – Mais tu sais Harold, tout ça c'est grâce à toi.

    Je lui caressai la joue et il tourna la tête vers moi, il sourit.

    – Tu sais, tu m'as pas mal aidé à prendre confiance en moi, je te dois beaucoup Astrid.

    Il m'embrassa. Je l'attirai à moi et intensifiai le baiser. Nous nous embrassions encore et encore à en perdre haleine, lui sur moi, ses mains remontant le long de mon corps et les miennes agrippant son dos. Harold releva la tête pour reprendre son souffle.

    – Astrid… Je… Tu sais bien qu'on ne peut pas faire ça…

    – Par Thor ! Harold ! Nous avons dix-neuf ans ! On ne va pas attendre indéfiniment non plus !

    – Mais la tradition…

    – La tradition ? Ce sera pas la première fois qu'on la transgresse…

    – Non Astrid, je crois que tu ne comprends pas… J'ai envie de faire les choses bien pour nous, pour toi…

    Je souris. Il était si touchant. Je me blottis contre lui.

    – Mais tu n'en as pas envie ? intentai-je.

    – Astrid…

    – Réponds-moi.

    – Bien sûr que j'en ai envie…

    – J'ai compris que la tradition te tenais à cœur mais Harold, tu as été le premier à nous montrer que parfois, cette tradition pouvait avoir tord. A commencer par notre acharnement contre les dragons : tu nous as prouvé que nous n'avions aucune raison de nous battre contre eux.

    – Ne mêle pas les dragons à ça.

    – Je te demande seulement de mesurer l'invraisemblance de la situation, conclus-je.

    Silence.

    – Bon, retournons au village, il se fait tard.

    J'avais dit ce que j'avais à dire, la balle était dans son camp maintenant. Nous rentrâmes donc au village mais lorsque nous arrivâmes, nous ne vîmes personne.

    – Bizarre…

    – Comme tu dis, acquiesçai-je.

    – Je ne me rappelle pas d'un quelconque évènement pourtant… J'ai encore dû oublier quelque chose…

    – Attends mais si ! Joann le négociant arrivait aujourd'hui ! Il doit être en train de raconter ses voyages dans le grand Hall.

    – Ah mais oui c'est vrai ! s'exclama-t-il.

    – Faut dire que ses récits ne sont pas toujours très intéressants…

    – C'est sûr…

    Nous éclatâmes de rire puis nous nous regardâmes droit dans les yeux en souriant.

    – Qu'est-ce que tu dirais d'aller chez toi, tous les deux, histoire d'être tranquilles ? proposai-je.

    – Je sais pas Astrid…

    – Allez, on pourra travailler sur ta carte…

    – Bon, d'accord.

    Il me sourit et nous fîmes la course jusqu'à chez lui. Une fois arrivés, nous nous mîmes au travail. Il finalisa les croquis des îles que nous avions découvertes tandis que j'indiquai les espèces de dragons présentes sur ces nouveaux territoires ainsi que la nature de l'habitat. Il prit soin également d'indiquer leur position et leur climat. Ceci fait, nous nous réchauffâmes auprès du feu en mangeant et il fût pour moi l'heure de quitter Harold. Je me tenais sur le pas de la porte, prête à partir.

    – Merci pour tout Harold, souris-je.

    Je l'embrassai délicatement sur les lèvres et reculai d'un pas pour sortir mais il me retint par le bras.

    – Astrid… Je… Est-ce que tu… ? bafouilla-t-il.

    – Quoi ? demandai-je.

    Il prit une grande inspiration.

    – Astrid, reste dormir ici ce soir… avec moi.

    – Tu sais très bien ce qui arrivera si je reste…

    Il me prit la main, ferma la porte de l'autre et m'entraîna dans les escaliers jusqu'à sa chambre. Nous nous assîmes sur le lit et Harold me prit les mains.

    – Astrid, de plus en plus, je me rends compte que j'ai besoin de toi, de te sentir auprès de moi… C'est plus fort que moi… Tu sais, c'est très difficile de respecter ses principes quand on a une magnifique Hofferson à ses côtés et je…

    – Et tu quoi Harold ? m'enquis-je.

    – Je ne veux pas que tu sois obligée de te marier à la hâte si jamais tu tombes enceinte à cause de moi…

    – Mais il y a des moyens d'éviter que ça n'arrive…

    – Bien sûr mais le risque zéro n'existe pas Astrid…

    Je planai au-dessus de lui tandis qu'il était allongé sur le lit, je lui pris la tête entre les mains.

    – Harold, c'est avec toi que je veux faire ma vie d'accord ? Alors on prendra la vie comme elle nous vient et si jamais un bébé se met sur notre chemin c'est que les dieux en auront décidé ainsi.

    Je souris tout en lui caressant les cheveux d'une main.

    – Mais pour l'instant, vivons l'instant présent…

    Il se pencha alors sur moi en m'allongeant sur son lit.

    – Tu es sûre que c'est ce que tu veux ?

    – Absolument.

    C'est ainsi que nous découvrîmes les délices de l'amour.

    Je me réveillai délicatement en m'étirant de part et d'autre du lit en poussant un long bâillement. Non d'un yack, songeai-je, je me suis rendormie ? Je relevai doucement les paupières tout en cherchant la présence de quelqu'un sur l'oreiller d'à côté. J'ouvris les yeux, Harold n'était pas là.


    Drago était de retour, je n'arrivais pas à le croire. Et Erik l'avait aidé dans son entreprise ? Incroyable, comment mon frère avait-t-il pu s'allier à lui ? Il le savait ennemi de Beurk pourtant ! Ah mais j'oubliais, ce grand homme avait abandonné Beurk et son village ainsi que sa famille, sa sœur unique… Mon frère avait tant changé, je ne le reconnaissais plus. C'était comme s'il avait oublié tous les principes en lesquels il croyait. Il m'avait menti sur la connaissance qu'il avait de mon fils, il n'avait même pas cherché à comprendre les intentions des personnes peu honorables auxquelles il avait livré Harold et Astrid et il n'avait même pas eu le courage d'affronter ses problèmes ! L'homme honorable, honnête, juste, fort et brave que j'avais connu avait été remplacé par un homme lâche, injuste et faible… J'étais si déçue, mon frère était mon modèle, un homme en qui je croyais mais il n'était plus. En fait, je voyais en lui la femme que j'avais été et cela me faisait terriblement peur.

    – Valka ?

    Geulefort me sortit de mes pensées.

    – Oui, tu disais ? répondis-je.

    – Je disais donc : il nous faut nous trouver un bateau d'urgence si on veut avoir une chance de sauver les deux tourtereaux ! s'exclama Geulefort.

    – Mais pourquoi on y va pas à dos de dragons ? Ce serait (il compta sur ses doigts) plus simple, plus efficace, plus marrant ! s'étonna Kranedur.

    Geulefort se frappa le front et Kognedur soupira :

    – Ils te l'ont déjà dit au moins trois fois ! Ce serait trop bruyant !

    – En fait, on risquerait de se faire remarquer… renchérit Varek.

    – Bon quand vous aurez fini, on pourrait peut-être savoir si Erik aurait éventuellement un bateau ? demanda Eret.

    – Oui j'en ai un… dit-il d'une voix à peine audible.

    – Eh bien parfait ! s'écria Eret. Tous au bateau !

    Nous nous rendîmes donc sur son navire et Erik indiqua la direction à suivre à Eret. Je me trouvais dans un coin de la chaloupe quand celui vint me parler.

    – Valka, je suis désolé.

    – C'est un bon début.

    – Pourquoi me parles-tu ainsi ? Valka, je te jure que si j'avais su…

    – Arrête. Je suis désolée moi aussi mais tu me rappelles tant… moi, finis-je par avouer.

    – Que… Comment ça ? s'étonna-t-il.

    – Je ne suis pas restée sur Beurk non plus. En fait, peu après la naissance d'Harold, une nuit, un dragon s'est introduit chez nous, j'ai accouru pour protéger mon fils mais lorsque je me suis retrouvée en face de ce dragon, j'ai sentie qu'il ne me voulait aucun mal. C'était une créature douce et pleine d'intelligence, elle était la preuve de ce en quoi je croyais : la paix. Mais lorsque Stoïck est arrivé, le dragon m'a emporté avec lui. A vrai dire, il y a beaucoup de choses qui m'ont poussé à partir, à commencer par ce qui m'est arrivée, me faire enlever par un dragon… C'était forcément un signe du destin ! Je méritais ton sort parce que je n'ai pas su te protéger cette nuit-là…

    – Mais non enfin, Valka, ce n'était pas de ta faute…

    – Et puis aussi… toute cette lutte que j'ai menée pour leur faire entendre raison, en leur disant qu'une paix était possible… Jamais ils ne m'ont écouté, jamais ! C'est la raison pour laquelle je te comprends Erik parce que tu as été un des premiers à le découvrir par toi-même mais bon sang, Harold est mon fils ! Et je… je… je l'ai abandonné…

    J'éclatai en sanglots, Erik me prit dans ses bras et me consola du mieux qu'il pouvait.

    – C'est ça la différence entre toi et moi. Moi j'ai abandonné mon fils et Stoïck a dû élever Harold tout seul à cause de moi… La vérité, c'est que je l'ai retrouvé il y a un seulement un an, presque deux. Et j'ai retrouvé Stoïck par la même occasion.

    – Mais d'ailleurs où est-il celui-là ? Il n'est pas venu avec vous ? Ah ! Ses devoirs de chef sûrement ! s'exclama-t-il.

    – Erik, Stoïck est mort…

    Son visage se décomposa.

    – Quoi ? Comment est-ce arrivé ?

    – Stoïck est mort pour protéger son fils, il lui a sauvé la vie… Et je me sens… tellement coupable ! Je ne sers strictement à rien ! Je ne suis pas parvenue à te protéger toi et encore moins Stoïck ! C'est la raison pour laquelle j'ai tellement peur pour Harold. Je… je ne m'en remettrai pas s'il lui arrivait quelque chose…

    Il me serra plus fort dans ses bras tout en me caressant le dos affectueusement.

    – Ne t'inquiètes pas, on va retrouver ton fils.


    Je me levai d'un bond tout en m'habillant à la hâte et partis à la recherche d'Harold. Je sortis de notre chambre et me retrouvai dans le couloir où je commençai à l'appeler :

    – Harold ? Tu es là ?

    Je descendis les escaliers pour me retrouver dans le hall principal du château, je continuai mes appels mais ils demeurèrent sans réponse. Je me dirigeai alors vers la salle à manger, peut-être m'attendait-il là-bas pour le petit déjeuner ? pensai-je. A peine, eu-je poussé la porte qu'un cri s'échappa de ma bouche. Drago. Il se tenait calmement aux côtés d'Harold qui me regardait d'un air triste avec un sentiment de fatalité.

    Harold&Astrid
     
    Je me précipitai vers lui quand des hommes me saisirent par les bras.

    – Non ! Astrid ! hurla-t-il en accourant vers moi avant que d'autres hommes ne l'attrapent.

    – Harold ! criai-je.

    J'étais terrifiée, je ne comprenais pas ce qui se passait.

    – Mais bon sang, mais qu'est-ce qui se passe ? demandai-je.

    Drago se dirigea alors dans ma direction, Harold se débattu comme il pouvait, en vain.

    – Ne lui faite pas de mal ! supplia-t-il.

    Drago se tenait maintenant à ma hauteur, je n'avais pas peur de lui, j'avais seulement peur pour Harold. Il m'examina sous tous les angles avec insistance puis me regarda droit dans les yeux.

    – Bonjour, Astrid, déclara-t-il paisiblement.

    – Je n'ai pas peur de vous.

    – Tu devrais Astrid, tu sais… c'est moi… le Maître.

    J'étais stupéfaite, Drago était le Maître ? Comment n'y avions nous pas songé ? Mais ce château, pourquoi nous l'avait-il prêté ? Harold avait raison, nous aurions dû partir quand nous en avions encore le temps.

    – Qu'est-ce que vous nous voulez ?

    – Très bonne question Astrid. Mais la question n'est pas qu'est-ce que je vous veux mais qu'est-ce que je lui veux.

    – Comment ça ? demandai-je, inquiète.

    Il se tourna vers Harold qui se crispa instantanément, visiblement lui non plus ne savait pas ce que lui voulait Drago, puis il se retourna vers moi.

    – Eh bien, ton copain possède un don que nul d'entre nous ne peut comprendre mais qui est très précieux et j'en ai besoin pour un projet… personnel.

    – Je ne t'obéirai pas ! contesta Harold.

    Drago vira alors vers Harold.

    – Oh que si tu vas obéir. Sinon, c'est ta copine qui en subira les conséquences.

    Il m'attrapa le menton et le releva.

    – Ta femme est plutôt belle Harold…

    – Je t'interdis de la toucher ! hurla-t-il tout en se débattant.

    – Tu sais ce qui arrivera si tu refuses ! répondit Drago narquoisement.

    Harold me regarda avec horreur et tristesse. Je savais ce qu'il s'apprêtait à faire.

    – Non Harold ! Ne fais pas ça pour moi ! Tu n'as aucun ordre à recevoir de lui ! lui intentai-je.

    Il me fixa avec des yeux dévastés, il avait pris sa décision.

    – Non Astrid, je peux pas faire ça. Je supporterai pas qu'on te fasse du mal. J'accepte ton offre Drago à condition qu'Astrid soit libérée.

    – C'est tout ce que je voulais entendre, dit-il dans un sourire machiavélique. Emmenez-là.

    Les hommes m'empoignèrent par les bras et me dirigèrent vers l'extérieur.

    – Harold ! criai-je, les larmes aux yeux.

    – Attendez mais où est-ce que vous l'emmenez ?! Astrid ! hurla-t-il.

    Une fois la porte fermée derrière nous, je pus seulement distinguer Drago s'adressant à Harold :

    – A nous deux, maintenant…


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  • Bon voilà, un petit chapitre mais qui a toute son importance dans ma fic ! J'espère que vous l'apprécierez !

    Désolée de ne pas l'avoir posté ici il y a un mois mais il était disponible sur ma page fanfiction !


    Que lui voulait-il ? Ma question resta en suspens. Je me débattais de toutes mes forces pour me délivrer de l'emprise de ces hommes qui m'avait arraché à l'homme que j'aimais. Je devais à tout prix rejoindre Harold, je ne pouvais pas le laisser entre les mains de Drago.

    – Lâchez-moi ! leur intentai-je.

    – Il en est hors de question ! répondit l'un d'entre eux en m'empoignant plus fermement.

    – Je vous en prie, Harold est en danger ! Il faut que vous me relâchiez !

    J'étais en proie à la panique, il fallait que je me ressaisisse mais comment ? Comment faire pour relativiser quand l'être qu'on aime le plus au monde est entre les griffes de l'homme le plus fou que la terre ait jamais connu ? Allez Astrid, on se calme… Tu es forte. Oui, j'étais forte et j'allais le prouver.

    Les hommes me conduisirent en dehors du château de Drago, nous suivîmes les ruelles pavées de la ville pour arriver finalement au port de Göteborg. Où voulaient-ils encore m'emmener ? Qu'allaient-ils faire de moi ? Nous nous stoppâmes momentanément devant l'un des navires accostés et le chef de la bande partit avec trois de ses hommes pour régler quelques affaires, me laissant seule avec le dernier des leurs. Je n'avais pas beaucoup de temps pour agir. L'homme me maintenait les mains derrière le dos et n'avait donc aucun moyen de se défendre, je lui donnai alors un violent coup de pied dans l'entrejambe. Il lâcha prise et j'en profitai pour l'assommer en deux coups de poing. Je récupérai ma hache qu'ils avaient entreposée avec leurs armes respectives et m'enfuis plus loin avec l'espoir de trouver un bateau. Je longeai le port de toute sa longueur et j'en trouvai finalement un, je sautai dedans et commençai à partir en direction de Beurk. Cela n'aurait servi à rien de retourner auprès d'Harold toute seule, il fallait qu'on revienne en nombre et avec nos dragons.

    Plus je m'éloignais du port, plus j'avais l'impression d'abandonner Harold. Je m'en voulais de le laisser seul là-bas avec pour geôlier Drago Poinsanklan… Oh mes dieux ! J'étais un monstre ! Comment pouvais-je lui faire ça ? Mais il le fallait si je voulais le sauver… Je continuais mon avancée vers le large et lorsque j'estimai que j'étais assez loin du port de Göteborg, je commençai à appeler ma dragonne. Je serais plus à l'aise sur son dos que sur ce navire… Mais je n'avais aucune idée de l'endroit où elle pouvait être à l'heure qu'il était ! Il fallait absolument que je la retrouve. Et c'est à ce moment là que j'entendis des voix qui criaient tout en s'approchant dangereusement de l'endroit où je me tenais, j'avais passé trop de temps à réfléchir. Je me retournai et découvris que toute la flotte de Drago était à mes trousses, s'en était fini de moi. Je tentai quand bien que mal de prendre de la vitesse mais le temps ne m'était pas favorable, ils me rattrapèrent sans mal et prirent possession du bateau.

    – Alors comme ça on décide de s'enfuir sans rien dire ? me demanda le chef de la bande de toute à l'heure.

    Il m'attrapa le bras et le serra avec force et brutalité puis il s'approcha de moi.

    – Le Maître ne va pas être content quand il va apprendre ça…

    – A mon avis, il sera plus en colère contre vous, répliquai-je.

    L'intéressé fronça les sourcils et me lança un regard noir. Il ne devait pas avoir l'habitude de parler avec une femme qui manie la hache à la perfection.

    – Attachez-la moi ! cria-t-il.

    Il était vexé, je lui fis un sourire en coin en les laissant me lier les mains. Ils m'attachèrent ensuite au mât du bateau, les mains liées dans le dos. Le bateau commença alors à partir mais il ne se dirigea pas vers le port de Göteborg, en faite toute la flotte se dirigeait vers un seul et même point précis, un navire. Nous arrivâmes finalement au niveau de l'embarcation, je restai interdite devant la scène qui s'offrait à moi : le bateau visé était en réalité celui de toute la bande. Tout le monde était là : Gueulfor, Valka, Rustik, Varek, les jumeaux, Eret… Ils étaient tous venus nous sauver… J'arrivais pas à le croire. Puis ils me reconnurent.

    – Astrid ! cria Valka.

    Je ne voulais pas qu'elle s'inquiète même s'il y avait de quoi au fond… Le chef s'avança alors vers eux.

    – Qui êtes-vous ? les questionna-t-il.

    – On est des amis d'Harold et Astrid et on venait les récupérer si vous n'y trouvez pas d'inconvénients… déclara Gueulfor avec froideur.

    – C'est vraiment dommage parce que justement ça nous en pose des inconvénients, répondit le chef.

    – On ne partira pas sans eux ! intenta Valka.

    – Vous savez quoi ? On va faire un marché. On vous rend la fille à condition que vous ne reveniez jamais ici. Alors ?

    Gueulfor se mit à réfléchir et Valka s'approcha de lui :

    – C'est peut-être notre seule chance… murmura-t-elle.

    Gueulfor hocha la tête et tendit sa main à l'homme.

    – C'est d'accord.

    D'autres me libérèrent alors et je me dirigeai aux côtés de Valka et Gueulfor. Le chef nous adressa un sourire satisfait :

    – Adieu…

    Nous rejoignîmes le navire des dragonniers et je fus accueillie auprès de tout le monde avec soulagement. Je me retournai vers le chef de ses hommes, il me regardait toujours d'un œil mauvais.


    J'étais seul.

    J'étais seul avec un Drago plus fou que jamais, attaché sur une chaise et je n'avais aucun moyen de m'en sortir, absolument aucun. Malgré ma condition de détenu, je ne pouvais m'empêcher de penser à Astrid. Où l'avaient-ils emmenée ? Etait-elle toujours sur Göteborg ? C'était insoutenable… .

    – Où l'ont-ils emmené ? lâchai-je.

    – Hum… Je ne sais pas moi, je leur ai simplement demandé de s'occuper d'elle…

    – S'ils touchent à un seul de ses cheveux…

    – On se calme, je ne suis pas sûr que ce soit ce qu'ils avaient en tête… Quoique ? dit-il en partant d'un rire perfide.

    – Comment peux-tu te jouer du malheur des autres ainsi ? m'étonnai-je.

    Il continua de rire puis se tourna finalement vers moi.

    – Ah ! Toi tu as vraiment le sens de la famille ! Je l'avais aussi… avant. Avant que les dragons ne me l'enlèvent ! gronda-t-il tout en me secouant par les épaules.

    J'étais pétrifié de peur, il se calma ensuite puis reprit :

    – Mais tu as bien d'autres qualités n'est-ce pas ? Envers ces animaux d'ailleurs ? Réponds ô Maître des dragons !

    J'eus un haut le cœur puis acquiesçai.

    – Tu m'as vraiment impressionné avec ton dragon la dernière fois, tu sais ? C'est quoi son nom déjà ? Krokmou c'est ça ? Ah oui, un furie nocturne si je ne m'abuse ? La race de ton dragon en dit long sur toi… tout comme la peau de dragon que je porte sur moi.

    Je n'y avais pas vraiment prêté attention la dernière fois, je la regardai plus en détail et constatai l'horreur de mon ignorance :

    – C'est une peau de furie nocturne…

    – Et oui, je l'avais tué en arrivant sur l'île des furies nocturnes pour faire peur à ton oncle ! Et ça a bien marché d'ailleurs, depuis il m'obéit au doigt et à l'œil ! se targua-t-il.

    – Attends… Quoi ? Mon oncle ? Le gardien de l'île ? le questionnai-je, déconcerté.

    – Quoi ? Tu ne savais que ta mère avait un frère ? dit-il en dans un fou rire.

    Cet Erik Vemund était le frère de ma mère ? Comment était-ce possible ? Je restai abasourdi par cette nouvelle des plus étranges mais il poursuivit.

    – Enfin, nous ne sommes pas là pour parler de ta famille mais bien de ton talent, Harold. Car il est vrai que tu en as du talent, tu as un véritable don avec les dragons… Réussir à récupérer ton dragon comme tu l'as fait, j'avoue que je ne t'en croyais pas capable mais tu m'as prouvé le contraire Maître des dragons.

    – Je ne suis pas un maître dragonnier…

    – Alors qu'est-ce que tu es ?

    – Je suis le chef de Beurk.

    – Ah mais oui, tu l'es devenu après la mort de ton pauvre père…

    Il allait trop loin.

    – Espèce de sale fils… lâchai-je en serrant les dents.

    Je me débattu sur ma chaise, impuissant. Il afficha un sourire sadique.

    – Enfin, toujours est-il que ce serait dommage de gâcher un tel don…

    – Où veux-tu en venir Drago ?

    – Je veux dire que tu vas dresser des dragons pour moi.

    – A quelles fins ?

    – Ce seront les dragons que j'utiliserai pour détruire Beurk, révéla-t-il le plus sérieusement du monde.

    – Tu sais très bien que je ne le ferai pas.

    – Bien sûr, mais de toute façon, tu ne seras pas là pour assister à cette destruction, siffla-t-il.

    – Alors autant me tuer maintenant, dis-je avec prudence, mais je suppose que si tu m'as fait venir ici c'est que tu dois avoir besoin de moi, je me trompe ?

    Il paraissait quelque peu déconcerté mais se reprit vite.

    – J'ai toujours dit que tu étais très intelligent. Et bien, une autre solution s'offre à toi dans ce cas. Renonce à ta vie avec les dragons et rejoins-moi ! Et ton peuple sera sauvé !

    – Jamais ! Jamais nous ne soumettrons à toi ! ripostai-je.

    – C'est toi qui vois mais que tu le veuilles ou non, un jour je viendrai à bout de la tyrannie de ces démons et j'exterminerai tous les dragons qui infectent cette terre ! s'exclama-t-il.

    Cet homme était vraiment taré, bien plus fou que ce que je m'étais imaginé. Exterminer tous les dragons ? C'était donc ça son ultime but ? Il n'avait même pas cherché à les comprendre, je détestais les gens qui choisissaient la facilité et qui agissaient tête baissée. Drago faisait parti de ces gens-là et je ne pouvais pas le laisser faire ça, je ne dresserai pas ses dragons.

    – Tu ne comprends rien… lâchai-je à la fin d'un long silence.

    – A mon avis, c'est plutôt toi qui ne comprends pas bien gamin. Je suis ton Maître, tu es mon prisonnier et tu dresseras mes dragons que tu le veuilles ou non.

    – Non c'est toi qui ne comprends pas, je ne dresserai pas ces dragons parce que tu te serviras d'eux pour détruire mon île et tuer tous les dragons qui s'y trouveront alors que tu n'as même pas essayé de les comprendre ! clamai-je.

    – Pourquoi devrais-je comprendre ceux qui m'ont arraché à ma famille ? Ce n'est que pure vengeance ! dit-il en s'adressant à moi avec violence puis, s'adressant à ses hommes situés dans l'autre pièce, gardes ! Emmenez-le faire un tour dans son cachot, on verra s'il sera plus coopératif après ça…

    Ils m'arrachèrent à ma chaise avec brutalité et me firent sortir de la salle à manger sous le rire nerveux d'un Drago en pleine démence.


    – Astrid, racontes-nous ce qui s'est passé, me demanda Valka, une main bienveillante sur mon épaule.

    Je m'étais à peine remise de tout ce qui venait de se passer qu'on sollicitait déjà mes explications mais il est vrai que je leur devais bien quelques éclaircissements… J'inspirai alors un bon coup avant de commencer :

    – Et bien, j'étais parti à la recherche d'Harold et je me suis retrouvée sur cette île de furies nocturnes à échapper à son gardien, un certain Erik. Et c'est lorsque qu'il a finalement réussi à mettre la main sur moi qu'Harold est arrivé, il avait découvert l'île avant moi. Ensuite cet Erik nous a enfermés dans un cachot !

    – Il a dû s'en passer des choses dans ce cachot… intervint Rustik.

    – Pour sûr ! Ils tiennent pas deux secondes en place ces deux là ! renchérit Kognedur.

    Toute la bande, à l'excepté de Valka et Gueulefor, partit dans un fou rire qu'ils eurent du mal à contenir.

    – Mêlez-vous de ce qui vous regarde, ok ? répondis-je froidement.

    Ils s'étaient tous tus d'un coup.

    – Je disais donc que cet Erik nous avait enfermés mais ensuite des hommes sont venus nous ouvrir. Enfin, on a essayé de s'enfuir parce qu'on savait qu'il y avait quelque chose qui clochait… et on avait raison. Ils nous emmenés sur un bateau pour aller à Göteborg. Je suis sûre que le gardien était au courant… Ah ! Si je le tenais celui-là !

    Valka me considéra avec des yeux confus, qu'est-ce que j'avais dit ?

    – Astrid, on aimerait te dire quelque chose mais… ne t'énerves pas…

    Elle se tourna et frappa contre une trappe dissimulée dans le ponton.

    – C'est bon, tu peux sortir, Erik.

    Là, l'homme à la peau de loup en sortit, je ne comprenais pas… Que faisait-il là ?

    – Hein mais que… Quoi ? bafouillai-je.

    – Astrid, Erik est mon frère. Il a été contraint de travailler pour Drago, il est impardonnable pour ce qu'il vous a fait mais il est de notre côté maintenant.

    Valka avait un frère ? C'était incroyable, on en apprenait vraiment tous les jours… Il fallait que j'aie confiance en Valka, c'était sûrement un homme respectable… J'aurais aimé en apprendre plus sur lui mais ce n'était pas la priorité du moment, il fallait que je poursuive mon récit.

    – C'est bon, je te fais confiance, souris-je. Donc où en j'en étais déjà ? Ah oui, l'arrivée à Göteborg. En fait, les hommes nous ont conduit jusqu'à un grand château offert par celui qu'ils appelaient "Maître". Et ils nous ont dit que le château était à notre entière disposition jusqu'à nouvel ordre.

    – Décidemment, vous avez dû bien vous amuser ces jours-ci ! s'exclama Kognedur.

    Tu n'as pas idée ! fut ma première pensée mais je ne pouvais pas la laisser dire ça devant tout le monde sans réagir. Je l'attrapai par le col et la regardai droit dans les yeux.

    – Encore une remarque de ce genre et je te jure que je te fiche par-dessus bord ! grondai-je.

    Elle finit par se taire même si elle avait toujours un sourire au coin des lèvres.

    – Et ce matin quand je me suis réveillée, Harold n'était plus là… Je suis donc descendue pour voir s'il était en bas mais quand je suis arrivée dans la salle à manger, Harold était bien là mais Drago était avec lui…

    Ils se regardèrent tous de manière étrange comme s'ils n'étaient pas étonnés de la nouvelle. Mais comment auraient-ils pu le savoir ? Je levai ma tête vers Erik, bien sûr…

    – Mais ça vous le saviez déjà… Enfin, Harold est resté là-bas pour… me protéger. Drago a dit qu'il devait obéir sinon il me ferait du mal alors Harold n'a pas hésité une seule seconde et les hommes de Drago sont venus me chercher et maintenant je suis ici… Il m'a sauvé… dis-je dans un murmure.

    – Mais qu'est-ce qu'il lui veut à Harold ? questionna Gueulefor.

    – J'en ai aucune idée, il a simplement parlé du talent d'Harold et qu'il en avait besoin pour un "projet personnel"…

    – Son talent avec les dragons ? Oh non…

    – Qu'est-ce que ce fou peut bien avoir en tête ? s'interrogea Gueulefor.

    – Il faut absolument qu'on le sorte des griffes de Drago, émit Valka.

    – Oui mais avant ça, il faut qu'on retourne sur Beurk et qu'on récupère nos dragons, intentai-je. Ça va aller, dis-je en posant une main rassurante sur l'épaule de Valka, tout va s'arranger…

    Je voulais croire en ce que je lui disais mais j'avais tellement peur pour lui. Comment pouvais-je imaginer un seul instant une vie sans lui, il était tout pour moi, mon monde tournait autour de lui… C'est le cœur lourd que j'attendais la fin du voyage pour enfin élaborer un plan pour le sauver. Tiens bon, Harold.


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  • Salut tout le monde ! Je suis très heureuse de vous annoncer qu'il s'agit là du plus long chapitre que j'ai jamais écrit ! J'espère que vous saurez en profiter !

    Alors, quelques précisions, dedans se trouve une scène qui inclut de la violence physique et verbale alors attention ! Âmes sensibles s'abstenir ! Secondo, dans ce chapitre se trouve un flash-back qui se passe pendant la nouvelle saison de Dragons, Dragons : Par delà les rives, alors attention SPOILERS pour ceux qui n'auraient pas vu la série ! Mais ne vous inquiétez pas vous devriez néanmoins comprendre l'ensemble du flash-back si je vous précise que dans cette dite saison, Harold et Astrid ont 19 ans et ne forment toujours pas un couple, explications dans le flash-back que je commence à la fin de l'épisode 12 pour les curieux !

    Par ailleurs je souhaite m'excuser pour ces longues attentes entre mes chapitres mais je n'ai pas des vacances de tout repos contrairement à mes bons vouloirs ! Sur ce, bonne lecture et commentez !


    Je pouvais encore distinguer le rire malintentionné de Drago retentir dans le château alors que ses hommes me dirigeaient vers ma nouvelle cellule. Le cachot se trouvait dans les profondeurs de la forteresse ce qui nous amena à traverser des couloirs souterrains très étroits et sombres infestés de rats et d'insectes en tout genre. Les hommes marchaient vite et ma jambe en métal avait du mal à suivre, je tombais plusieurs fois et dus me relever seul sous les regards amusés des hommes de Drago qui n'hésitaient pas à me refaire chuter. "Allez avance !", "Qu'est-ce que tu attends pour te relever ?" me disaient-ils. Cependant je voyais clair dans leur petit jeu, j'avais compris que ces paroles et gestes n'étaient que le début de ce qui m'attendait. Nous arrivâmes finalement devant la prison, ils me poussèrent à l'intérieur en me demandant de retirer tous mes habits à l'exception de mon pantalon. Je m'exécutai sans dire un mot et des hommes vinrent prendre mes vêtements, les autres rentrèrent dans la cellule avec de longues chaînes en se dirigeant vers moi.

    – Attendez… Qu'est-ce que vous faites ? me risquai-je à demander.

    – Tu es notre prisonnier, on peut faire ce que l'on veut de toi… déclara l'un des hommes.

    Deux des hommes me saisirent les poignets et me les attachèrent avec des menottes qu'ils suspendirent au mur à l'aide d'un crochet. Ils finirent par me menotter les pieds ensemble. Je me retrouvai les bras tendus, mes pieds touchant à peine le sol et le corps raidi, à la merci de mes dépositaires. Je relevai la tête avec difficulté pour leur faire face : ils étaient six, j'étais seul. L'un deux s'approcha de moi en souriant tortueusement et me gifla à trois reprises puis il se recula.

    – On va t'apprendre à manquer de respect au Maître, sale vermine ! Ici t'es pas chez toi, ici c'est Drago qui commande ! Et personne ne résiste au Maître ici ! cria-t-il en m'adressant une nouvelle tape sur la tête.

    Il se tourna ensuite vers le groupe, leur demandant d'approcher.

    – Je crois qu'on va bien s'amuser avec celui-là les amis ! siffla-t-il.

    Il se retourna ensuite vers moi et s'avança cette fois-ci avec un bâton en main.

    – Alors, Chef de Beurk, qu'est-ce que ça fait de se retrouver ici avec nous ? Est-ce que… Tu as peur ? me questionna-t-il.

    – Peur de vous ? Jamais, répliquai-je.

    En réalité, c'était tout le contraire, j'étais terrifié. Je n'étais pas comme Astrid, elle était forte et j'étais faible. Je n'avais aucune idée de ce qu'ils pouvaient me faire subir. Ils étaient alliés à Drago et Drago était imprévisible…

    Tous les hommes se mirent à rire et l'homme rapprocha sa tête de la mienne avec un regard démentiel.

    – C'est ce qu'on va voir saleté d'unijambiste ! émit-il avant de m'adresser un coup au niveau du moignon laissé par ma jambe coupé.

    Ma cicatrice me faisait toujours mal malgré les apparences, ce coup venait de réveiller des souffrances que je croyais parties depuis longtemps. Puis, voyant qu'il avait vu juste, il m'asséna de nouveaux coups au même endroit. Tous les muscles de mon corps se contractaient à chaque nouvelle brutalité, je serrais les dents.

    – Bah qu'est-ce qu'il dit le maître dragonnier maintenant ? Espèce de faiblard ! Tu n'es rien sans ton furie nocturne ! cracha-t-il presque.

    Je le fixai avec des yeux noirs sans rien dire, je n'allais pas rentrer dans son petit jeu.

    – Bah qu'est-ce qui se passe ? Tu réponds rien ? T'en veux encore c'est ça ?

    Il me battu la tête à plusieurs reprises avec son bâton, je commençai à voir trouble.

    – Et là tu comprends ? Hein ? Répond ! hurla-t-il.

    Voyant que je ne réagissais toujours pas, il continua :

    – Tu en as de la chance, tu sais ? Drago ne prête pas son château à tout le monde ! Vous avez du bien vous amusez toi et ta salope de femme ! ricanna-t-il.

    – Je t'interdis de parler d'elle ! protestai-je tout en tentant vainement de me débattre.

    – Oh voyez-vous ça, l'avorton me donne des ordres ! Je vais t'apprendre moi à me donner des ordres !

    Il fit un signe de tête à l'un de sa troupe qui vint se placer derrière moi avec quelque chose entre les mains. Le premier me regarda avec défiance, un sourire en coin.

    – Alors comme ça on se rebelle ? Ce que l'on te fait subir n'est rien comparé à ce que l'on a fait à certains de nos prisonniers. C'est pas qu'on n'est pas envie d'en faire plus, crois-moi on le ferait si on pouvait… Mais comme je te l'ai dit toute à l'heure, ici c'est Drago le chef et il nous a demandé de ne pas trop t'abîmer…

    Je me remuai du mieux que je pouvais mais je ne pouvais rien faire, attaché comme j'étais. Je me contentai d'un regard noir en direction de l'intéressé.

    – Mais tant qu'il est pas là, on peut faire tout ce qu'on veut… lâcha-t-il dans un sourire.

    Et là une douleur me frappa de plein fouet le dos. Je laissai un cri s'échapper de ma bouche.

    – Un ! cria l'homme.

    L'homme derrière moi venait de m'adresser un violent coup de fouet dans le haut du dos. J'eus à peine le temps de reprendre mon souffle que déjà il m'asséna d'un deuxième coup.

    – Ah ! gémis-je en serrant les dents.

    – Deux ! s'exclamèrent tous les hommes en même temps.

    Un troisième coup se fit ressentir puis un quatrième et un cinquième ainsi qu'un sixième et ainsi de suite jusqu'au dixième coup. Je hurlai. La douleur devenait insupportable et je sentais la souffrance de ma peau écorchée à vif. J'avais craché du sang et il en avait coulé de mon dos qui s'était répandu sur le sol, son odeur emplissait la cellule.

    – Dix ! vociféra toute la bande.

    – Alors qu'est-ce t'en dis ? On continue ? me demanda leur chef.

    Des pas lourds se firent entendre et une ombre imposante s'approcha du cachot puis une voix grave pesta furieusement :

    – Mais qu'est-ce qui se passe ici ? questionna Drago en s'adressant à ses hommes.

    – Nous donnions une petite correction à celui qui a manqué de respect au Maître, répondit le chef.

    Drago rentra dans la cellule en s'avançant vers moi et me releva la tête. Il m'examina puis me demanda :

    – J'ose espérer que cette petite séance t'auras fait changer d'avis. Tu m'as l'air pas trop amoché, comme je l'avais demandé. Tu seras vite remis sur pieds, enfin je veux dire le pied… ricanna-t-il. Gardes ! Détachez-moi ça… Ça suffira pour aujourd'hui, déclara-t-il en sortant sans même daigner me regarder.

    Ses hommes s'exécutèrent et me délièrent les mains ainsi que les pieds. Je tombai lourdement sur le sol, aucune force ne subsistait de moi. Les hommes me laissèrent ainsi dans la prison.

    – Reposes-toi bien… lâcha le chef de la bande.

    Je restai donc par terre dans l'incapacité de bouger et dans la douleur toute fraîche que venaient de m'infliger ces hommes barbares. Mais malgré tout ça, toutes mes pensées étaient dirigées vers Astrid. Je ne savais toujours pas ce qui lui était arrivé et j'espérais au plus profond de moi qu'elle était parvenue à s'enfuir, cependant à vue d'œil, il semblait n'y avoir que moi dans ce cachot. Astrid était forte, elle avait sûrement réussi à leur échapper. Je ne supporterai pas que ces hommes lui aient fait du mal, je l'aimais tellement. J'avais un amour débordant et inconditionnel pour Astrid et elle me le rendait bien, dans tous les sens du terme. Et dire qu'à dix-neuf ans, on doutait encore de nos sentiments l'un envers l'autre… Aujourd'hui, je ne peux plus me passer d'elle. On a eut du mal à avouer nos sentiments mais lorsqu'on y est parvenu cela nous est apparu comme une évidence, nous étions plus que de simples amis…

    C'était juste après le départ d'Ingrid, j'étais triste qu'Astrid la perde, elles étaient vraiment de bonnes amies maintenant et je voyais bien que tout ça touchait beaucoup Astrid. J'attirai son attention :

    – Hey, je sais que vous vous étiez rapprochées toutes les deux, je suis désolé que t'es perdu une amie.

    Elle m'attrapa l'épaule et posa son autre main sur mon torse.

    – Mais… je t'ai encore toi, dit-elle dans un sourire.

    Je luis souris également et nous reportâmes notre attention vers le ciel où l'on pouvait encore distinguer le dragon d'Ingrid s'éloigner vers de nouveaux horizons. Je passai un bras autour de sa taille, nos têtes se rapprochèrent avant que je ne m'en rende compte et Astrid posa sa tête sur mon épaule.

    – Tu crois qu'elle reviendra ?

    Je l'attirai contre moi pour la serrer dans mes bras et lui caressai le dos pour la rassurer.

    – Toute cette histoire avec Dagur l'a chamboulée mais il faudra bien qu'elle accepte la vérité. Et quand elle l'aura accepté alors là, elle reviendra, j'en suis certain.

    Elle leva les yeux vers moi et me sourit. Nous nous détachâmes l'un de l'autre et elle passa une main dans sa mèche, elle faisait ça quand elle était gênée.

    – Allez, rentrons, lui proposai-je.

    Elle me suivit et nous continuâmes la conversation sur le chemin du retour.

    – Alors vous vous êtes bien amusées toutes les deux ? Qu'est-ce que vous avez fait ? la questionnai-je.

    – Elle m'a montré comment se servir de sa double hache et on a fait des lancés de haches ! Et puis on a discuté aussi…

    – Ah bien ! Tu aurais dû voir la tête de Kogne quand tu as dit que vous alliez bavarder entre filles et qu'elle vous a vu partir que toutes les deux ! Haha !

    Je relevai la tête, Astrid avait vraiment l'air nerveuse.

    – Qu'est-ce qu'il y a ?

    – Harold… Heu… A propos de ça… Ingrid m'a demandé si on était ensemble tous les deux…

    J'écarquillai les yeux de surprise, je ne m'attendais pas à ce qu'elle me dise de quoi elles avaient parlé et encore moins d'être le sujet de leur conversation…

    – Et qu'est-ce que t'as… ?

    – J'ai dit qu'on était seulement amis parce que… c'est bien ce qu'on est… des amis, pas vrai ?

    Mon cœur battait plus vite qu'il ne le devrait, j'étais déconcerté, étions nous seulement des amis ?

    – Oui bien sûr… répondis-je, incertain de ma réponse.

    Elle eut un semblant de sourire, j'avais l'impression qu'elle était déçue. Je lui adressai le même sourire embarrassé et nous continuâmes le chemin jusqu'à nos huttes respectives sans nous adresser la parole. Une fois arrivés, au moment de nous séparer, je tentai de rattraper le coup :

    – Hey… dis-je, une main posée sur son épaulette, si jamais tu te sens seule, je suis à côté, d'accord ?

    Elle mit également une main sur mon épaule.

    – D'accord, souffla-t-elle tout en m'adressant un sourire.

    Je lui rendis son sourire et me dirigeai vers ma hutte le cœur battant puis jetai un œil derrière moi pour voir si elle me regardait et elle me regardait.

    Les semaines passèrent et Astrid et moi n'avions pas reparlé de nous deux depuis le départ d'Ingrid. Les semaines avaient déjà été bien rythmées entre mes essais de vol, la rééducation d'un jeune vélocidard et la temporaire "rupture" entre Rustik et son dragon… Et là je faisais face à un nouveau problème…

    – J'ai dit non Rustik.

    – Mais Harold, on a besoin d'aller sur Beurk ! protesta-t-il.

    – Mais on y est déjà allé la semaine dernière ! De quoi t'as encore besoin ? m'énervai-je.

    – Des trucs… Et puis ça te regarde pas ! J'en ai besoin c'est tout, dit-il en croisant les bras.

    – Donc c'est non, déclarai-je.

    Il m'avait mis de mauvaise humeur, je fermai le livre que j'étais en train de lire et me dirigeai vers la sortie mais Rustik revint à la charge.

    – Allez Harold, steuplaît !

    – Rustik, j'ai dit non donc c'est non ! m'exclamai-je. Alors, lâches-moi tu veux ?

    Je poursuivis ma route quand Varek arriva vers moi tout essoufflé.

    – Ah ! Harold ! Il faut absolument qu'on aille sur Beurk ! Je suis sur le point de faire une découverte stupéfiante sur l'Œil de dragon ! Mais je n'arrive pas à traduire certains symboles et le livre dont j'ai besoin est resté à Beurk alors il faut…

    – T'es sûr que c'est indispensable Varek ? le coupai-je.

    – Mais enfin Harold ! s'indigna Varek.

    – Harold ! s'écria une voix au loin.

    C'était Kognedur accompagnée de Kranedur qu'elle aidait à marcher, Krane avait l'air mal en point… Le poulet qui les suivait de près n'avait pas l'air en forme non plus.

    – Harold ! Kranedur est malade ! Il devient complètement fou avec son poulet !

    – Kogne, qu'est-ce que tu entends par fou ? lui demandai-je, un peu amusé.

    – Bah regarde-le ! Tu vois bien qu'il est pas dans son état normal ! s'écria-t-elle.

    – T'inquiètes pas frangine… je vais très bien… Atchoum !

    Je la regardai, perplexe.

    – Je vois pas ce qui cloche, il a seulement attrapé un petit rhume, fais-le se reposer et ça ira mieux d'accord ?

    Kranedur se mit tout à coup à ramper au sol en reniflant.

    – Et le poulet ! Il est où le poulet ? Qui c'est qu'a pris mon poulet ?! Il est à moi et rien qu'à moi !

    Puis il se releva, me faisant face, prêt à me taper dessus.

    – C'est toi qui l'as pris c'est ça ? Espèce de voleur de poulets ! Rends le moi tout de suite ! hurla Kranedur.

    Je reculai d'un pas puis de deux jusqu'à ce que Rustik et Varek interviennent pour le maintenir, je soufflai.

    – Bon euh ok… il est malade… avouai-je.

    – Harold ! Il faut que tu viennes voir ça c'est… Mais qu'est-ce qui se passe ici ? s'étonna Astrid.

    – Mais lâchez-moi ! hurla Kranedur.

    – Eh il est là ton poulet ! assura Kognedur.

    Je me tournai vers Astrid.

    – Quoi ? Toi aussi tu veux aller sur Beurk ? Et bien vas-y ! Vous avez gagné ! Mais ce sera sans moi ! répliquai-je.

    Je partis en direction de nos quartiers communs sans me retourner, j'avais autre chose à faire.

    J'étais assis en face de ma table de travail où tous mes croquis étaient disposés, je vérifiais si les calculs de ma nouvelle invention étaient bons quand j'entendis des pas venir derrière moi. Je tournai la tête, c'était Astrid. Je replongeai la tête dans mes croquis.

    – Qu'est-ce que tu fais là ? lui demandai-je, surpris.

    Elle s'approcha de la table et se tint debout à côté de moi, les bras croisés.

    – Et bien, je suis restée là pour te tenir compagnie, sourit-elle, visiblement amusée.

    – Quoi ?

    – Rien, c'est toi à t'énerver comme ça… T'aurais du te voir avec les quatre à gérer toute à l'heure, c'était assez comique… Qu'est-ce qu'il y a de si important pour que tu veuilles rester ici tout seul ? insista-t-elle.

    – Je travaille sur un projet… dis-je d'une toute petite voix.

    – Et quel genre de projet ? dit-elle en jetant un œil au-dessus de mon épaule tout en posant une main dessus. Si tu me dis "vol de dragon numéro trois", je…

    – Et bien en faite… bafouillai-je.

    – Harold c'est pas vrai ! Tu sais très bien ce que je pense de tout ça ! gronda-t-elle.

    – Mais… le vol d'essai numéro deux a été un succès ! ripostai-je.

    – Très bien ! Alors laisse-le comme ça ! s'exclama-t-elle.

    – Non mais attends ! Le vol de dragon numéro trois est une totale innovation ! Le vol de dragon numéro deux fonctionnait très bien mais il n'était pas très pratique et pesait assez lourd mais là, ce que j'ai inventé Astrid, c'est une combinaison de vol !

    – Une… combinaison, vraiment ? questionna-t-elle, étonnée.

    – Oui, vraiment mais j'aurais besoin de quelqu'un à mes côtés quand je la testerai…

    – Moi ? demanda-t-elle, amusée.

    – Si tu veux bien ? répondis-je.

    – Mais pourquoi t'aurais besoin de moi ? Tu as déjà Krokmou.

    – On est jamais trop prévoyant.

    – Bon allez, va l'enfiler cette tenue de vol ! sourit-elle.

    Je ne me fis pas prier et partis me changer. J'enfilai donc ma combinaison de vol que j'avais mis des nuits entières à élaborer et que j'avais eu tant de mal à confectionner. J'eus un peu de mal à la mettre aussi mais une fois dedans, je me sentis plus à l'aise. Je revins donc voir Astrid avec ma toute nouvelle tenue de vol.

    – Tadaa ! m'exclamai-je en ouvrant les bras.

    Astrid eut une expression quelque peu étrange, elle me fixait bizarrement et me considéra de haut en bas, j'avais l'impression qu'elle rougissait.

    – Et bien… ta tenue est très hum… moulante…

    – Oui c'est fait exprès, c'est pour que l'air adhère mieux et… euh… Enfin bref, allons l'essayer !

    Nous sortîmes donc de la hutte commune pour aller chercher nos dragons, la Rive du dragon était déserte, ça faisait vraiment bizarre… C'était pas souvent qu'Astrid et moi on se retrouvait seuls tous les deux… Nous finîmes par appeler nos dragons respectifs et Krokmou ainsi que Tempête arrivèrent illico.

    – Alors mon grand, t'es prêt pour un nouveau vol test ?

    Astrid grimpa sur Tempête tout en s'adressant à moi :

    – Allez, viens, qu'on en finisse ! déclara-t-elle.

    Je levai les yeux au ciel en secouant la tête puis montai sur Krokmou en lui tapotant affectueusement la tête.

    – C'est parti, mon grand !

    Nous nous envolâmes tous les quatre à la recherche de l'endroit parfait pour tester ma nouvelle invention. Nous ne mîmes pas plus d'un quart d'heure à dos de dragons avant de revenir au lieu de mes premiers essais. Nous nous posâmes donc sur ce coin plutôt élevé où le vent était favorable à mes tentatives de vol en solo. Je descendis de mon dragon et m'approchai du bord de la falaise, je sentis le vent déjà bien présent souffler dans mes cheveux, c'était très agréable.

    – Et voilà, nous y sommes, l'endroit parfait ! m'exclamai-je.

    – T'es sûr que ça va fonctionner ? dit-elle, un soupçon d'inquiétude dans la voix.

    Je me retournai pour lui faire face et la rassurer.

    – T'inquiète pas Astrid, tout est sous contrôle. Et si jamais il m'arrive quelque chose, Krokmou est là… et puis… Toi aussi tu es là, lui souris-je.

    Elle semblait toujours anxieuse mais manifestement rassurée. Je m'en retournai et fis Krokmou s'approcher de moi. Je lui caressai la tête.

    – Bon alors, mon grand, je vais sauter de cette falaise et normalement je devrais voler, ok ? Et puis si jamais je suis en détresse, je t'appelle, d'accord ? (Il grogna comme pour acquiescer) Parfait.

    Je me plaçai donc juste au-dessus du vide et sautai. J'attendis d'être à seulement quelques centimètres de l'eau pour déployer mes ailes et là, je volais. Je filais comme le vent qui portait mes ailes, j'avais réussi, je poussai un cri de joie.

    – Wahaha ! Ça marche ! Ça marche ! m'écriai-je.

    Je pris tout à coup de l'altitude et ne parvins pas à perdre la hauteur que j'avais acquise sans le vouloir or je fonçais droit sur une grande pile de rochers. Je réussis à virer à gauche des roches mais ne les évitai pas complètement, je butai dedans. Je tombai alors en chute libre sans pouvoir me redresser et finis par m'écraser au sol. Lorsque j'ouvris les yeux, Astrid était penchée au-dessus de moi avec à ses côtés Tempête et Krokmou.

    – Je savais que j'aurais pas dû te laisser faire ça ! s'exclama-t-elle, complètement paniquée.

    Puis, voyant que j'ouvrais les yeux :

    – Harold ! Ne bouge surtout pas ! s'écria-t-elle en se penchant davantage sur moi. Est-ce que tu as mal quelque part ?

    Le sable et mes ailes avaient réussi à amortir ma chute mais je ressentais une vive douleur dans mon bras droit.

    – Je crois que ça va, j'ai juste un peu mal à mon bras droit…

    – Tu peux te lever ? dit-elle en me tendant la main.

    Je la pris et réussis à me remettre debout sans difficulté puis elle attrapa mon bras droit et releva ma manche, je poussai un cri.

    – Bon, on verra ça quand on sera rentré. Est-ce que tu te sens capable de remonter sur Krokmou ?

    J'acquiesçai, je ne voulais pas en rajouter, elle avait eu peur pour moi, c'était certain, mais ça se voyait qu'elle était aussi très en colère contre moi… Je grimpai sur le dos de mon dragon et me débrouillai du mieux que je pouvais pour rester accroché sur lui sans tomber. Nous arrivâmes enfin sur la Rive du dragon et Astrid m'aida à descendre de Krokmou. Elle m'amena jusqu'à sa hutte et nous pénétrâmes à l'intérieur, elle me fit m'asseoir sur son lit.

    – Retires moi ce haut que je puisse voir l'étendue des dégâts… me sollicita-t-elle.

    Je m'exécutai sans broncher et malgré ma douleur au bras droit, je parvins à le retirer avec l'autre. Astrid resta figée quelque instant à la vue de mon torse mais se reprit tout aussi rapidement, elle se pencha de nouveau sur moi pour examiner mes blessures de plus près. En réalité, je m'étais bien plus amoché que je ne le croyais mon bras gauche était recouvert d'écorchures et de quelques petites entailles et mon bras droit de quelques égratignures. Mon pantalon moulant n'avait presque rien, j'aurais seulement quelques bleus et éraflures tout au plus. Elle prit ma tête entre ses mains.

    – Ça va ? Tu n'as pas mal à la tête ?

    – Non, non ça va.

    – Bien, tu as seulement quelques égratignures, on va nettoyer tout ça et ça devrait vite partir. Bon, fais voir ton bras maintenant.

    Je lui présentai mon bras droit, elle l'attrapa doucement et l'observa.

    – Pas de coupure ni d'écorchures ou d'hématomes… Est-ce que tu peux le plier ?

    J'essayai alors de plier mon bras mais à peine étais-je parvenu à le bouger qu'il me faisait déjà horriblement mal. Je serrai les dents.

    – Non, je peux pas…

    – Il doit être cassé… Bon attends moi là, je reviens, déclara-t-elle.

    Elle était sans doute partie chercher du matériel de soin. Elle avait raison, mon bras devait être cassé… Quel idiot je faisais maintenant, moi qui voulais lui prouver que mes inventions pouvaient ne pas être si inutiles que ça… C'était raté. Elle revint quelques minutes après avec un seau d'eau et du tissu ainsi que de l'alcool. Elle s'assit sur le rebord du lit, à côté de moi.

    – Tend-moi ton bras gauche.

    Elle prit mon bras et commença à le nettoyer avec de l'eau sans dire un mot puis elle appliqua quelques gouttes d'alcool sur chacune de mes blessures et elle finit par parler.

    – Regarde moi tout ça, ça aurait pu être bien pire… Et tu t'en sors avec un bras cassé et quelques égratignures ! s'exclama-t-elle puis elle releva la tête vers moi. Tu te rends compte Harold ? Tu aurais pu être bien plus grièvement blessé !

    – Mais je…

    – Tu es complètement inconscient, irresponsable et immature ! Toujours à vouloir en faire plus, aller plus loin, dépasser les limites… Et bien voilà à quoi ça te mène ! Tu ne vas plus pouvoir voler pendant un moment… Et dans l'histoire c'est Krokmou qui est puni alors qu'il n'a rien demandé lui…

    – Astrid hum…

    – De toute façon, je t'avais dit que c'était une mauvaise idée mais tu ne m'as pas écouté comme toujours ! Tu n'en as fait qu'à ta tête…

    Elle retrempa son tissu dans l'eau et s'approcha de mon visage pour nettoyer les plaies sur ma tempe, elle tamponna avec prudence mon arcade sourcilière.

    – J'aurais dû t'en empêcher tant qu'il en était encore temps… J'aurais dû voir que ça n'allait pas… J'ai pas été assez rapide, j'aurais dû plus me dépêcher, je serai arrivée à temps et…

    – Je t'aime…

    – Je suis vraiment désolée Harold, je sais que… Attends, qu'est-ce que tu viens de dire ?

    J'approchai mon visage du sien, l'attirai à moi et l'embrassai. Au bout de quelques instants, je retirai délicatement mes lèvres des siennes.

    – Je t'aime Astrid Hofferson.

    Elle me considéra avec une mine troublée mais elle m'adressa un regard tendre.

    – Je sais que j'aurais dû te le dire il y a longtemps mais j'avais peur que tu me rejettes et maintenant… Et bien maintenant, j'ai toujours cette crainte mais j'ai encore plus peur de te perdre et de passer à côté de quelque chose… Alors voilà, je t'aime depuis le premier jour et je sais que pour toi, nous n'étions que des enfants à l'époque mais je n'ai pas oublié les quelques fois où tu m'as embrassé Astrid, ça a compté pour moi.

    – Harold… Je sais ce que j'ai dit et je le pense encore, ce que je veux dire c'est qu'aujourd'hui, on n'est plus des enfants et les sentiments que j'ai pour toi ne sont plus les mêmes qu'avant…

    Je baissai la tête, j'avais compris où elle voulait en venir.

    – Harold, dit-elle en me relevant la tête et me souriant, moi aussi j'ai peur parce que je sais que je suis vraiment en train de tomber amoureuse de toi…

    Je la pris par un bras et la serrai contre moi, elle passa ses bras autour de moi. Nous restâmes ainsi un petit moment à profiter pleinement de l'instant présent. Nous nous détachâmes ensuite doucement l'un de l'autre mais Astrid s'appuya involontairement sur mon bras droit.

    – A-Attention, mon bras ! gémis-je.

    – Oh mince, excuse moi !

    Nous nous jetâmes le même regard amusé et nous éclatâmes de rire. Nous nous regardâmes de nouveau en nous souriant affectueusement puis Astrid demanda :

    – Alors ? Plus qu'amis ? sourit-elle.

    Je lui souris une nouvelle fois.

    – Je crois qu'on peut dire ça.


    J'étais venue seule et je repartais seule. Je n'avais pas réussi à ramener Harold et je m'en voulais terriblement. Contempler l'horizon et la mer à perte de vue me faisait inévitablement penser à lui et au fait que plus ça allait et plus on s'éloignait de lui. Je restai donc là pensive avec pour seul espoir de pouvoir venir en aide à Harold. Des pas maladroits se firent entendre derrière moi, c'était Gueulefor. Il vint se tenir à mes côtés.

    – A quoi tu penses ? me questionna-t-il.

    – A Harold… J'aurais jamais dû le laisser partir l'autre jour quand on s'est disputé, si j'avais fait ça, tout ça aurait pu être évité et aujourd'hui il serait là avec nous…

    – Astrid, si j'ai bien un conseil à te donner, c'est qu'il ne faut pas vivre dans les regrets. Toi et Harold vous êtes les mêmes, toujours à se reprochez sans arrêt les choses alors que parfois, ce n'est pas de votre faute, c'est la faute à personne ! C'est la vie qui est comme ça Astrid, que tu le veuilles ou non.

    Il posa une main sur mon épaule.

    – Et puis entre nous, c'est pas en restant ici à s'apitoyer sur le sort de ton Harold que ça va faire bouger les choses.

    – Tu as raison Gueulefor, je me suis laissé envahir par mes émotions et ça ne va pas aider Harold ! Allons rejoindre les autres.

    C'est d'un pas déterminé que j'arrivai auprès de la troupe qui m'avait sauvé la vie.

    – Je tenais à vous dire un grand merci à tous. Merci d'être venu nous chercher Harold et moi, et puis même s'il n'y a que moi à vous parler ici, je suis sûre qu'Harold sera bientôt de retour parmi nous, en attendant je le remplacerai du mieux que je peux…

    – Donc… si j'ai bien compris, c'est toi la chef maintenant ? demanda Kranedur.

    – En quelque sorte, oui.

    – Trop cool ! Une fille chef ! s'exclama Kognedur.

    Elle courut jusqu'à moi et m'attrapa par derrière.

    – Les femmes au pouvoir ! dit-elle, le poing levé.

    Je l'écartai de moi et lui lançai un regard noir. Eret s'approcha d'elle.

    – Ce n'est que temporaire, Kogne… soupira-t-il.

    – Bon, maintenant que tout ça est mis au clair, je voulais savoir une chose, où sont vos dragons ?

    – On les a laissé sur l'île des furies nocturnes, c'était trop risqué de les amener avec nous ici, expliqua Varek.

    – D'accord, donc c'est là qu'on va… J'espère que Tempête est toujours là-bas…

    Erik dirigea alors le bateau vers son île. Quelques heures après, nous étions arrivés. Nous descendîmes du navire et chacun commença à appeler son dragon respectif.

    – Bouledogre ! Viens ici chouchoute ! Papa est rentré ! appela Varek.

    – Prout ! Pète ! Venez ici vous deux ! s'exclamèrent les jumeaux.

    Ils retrouvèrent tous très vite leur dragon mais malgré mes appels consécutifs, ni Tempête ni Krokmou ne donna signe de vie. Erik ne semblait pas non plus retrouver son dragon.

    – Lifa ! Où es tu ? clama-t-il.

    Tout à coup des furies nocturnes approchèrent et semblaient vouloir lui montrer quelque chose. Je montai derrière Valka et Erik grimpa sur l'un des furies nocturnes. Nous les suivîmes donc jusqu'à l'endroit où ils voulaient nous mener et là, d'autres furies nocturnes nous accueillir. Je descendis avec précipitation de Jumper et accourus pour me placer derrière Erik qui avait l'air de commencer à comprendre ce qu'il se passait. Curieuse, je basculai la tête sur le côté droit pour voir ce qui se passait et ce que je vis me fis immanquablement sourire. La furie nocturne d'Erik, Lifa, avait pondu des œufs et devinez qui se trouvait à ses côtés pour les défendre ces œufs ? Krokmou, évidemment. Et qui était en train d'aider son meilleur ami dans cette tâche ? Tempête. Je n'arrivai pas à le croire, nos dragons avaient du vivre pas mal de choses non plus pendant que nous n'étions pas là… J'approchai doucement de Tempête pour ne pas effrayer les futurs parents et lui caressai affectueusement la tête.

    – Oh Tempête… Tu m'as tellement manqué ma grande… Alors comme ça, tu aides Krokmou à protéger ses œufs ? C'est bien ma belle.

    J'étais si heureuse de la retrouver et surtout de ne pas avoir perdu Krokmou, j'avais tellement peur de ne pas le trouver sans l'aide d'Harold… D'autant plus qu'il allait m'être d'une grande aide pour le plan que j'avais commencé à élaborer pour sauver Harold. Il fallait d'ailleurs que j'en informe les autres, ils m'aideraient sûrement à l'affiner. Je m'éloignai momentanément de ma dragonne pour me tourner vers tout le monde.

    – Bon, maintenant qu'on a retrouvé nos dragons, il faut qu'on parte d'ici. On rentre sur Beurk, j'ai un plan.


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