• Chapitre 10

    Et me voilà pour mon dixième chapitre les amis ! Un peu en retard, certes, mais quand même là ! J'espère que vous l'apprécierez !

    Bonne lecture !


    – Et si tout se passe bien, Harold sera sauvé, dis-je confiante.

    La couleur était donnée, à eux maintenant de me suivre ou non.

    – Ton plan tient la route Astrid mais j'ai une question : comment tu comptes t'y prendre pour retrouver le schéma de l'aileron du furie nocturne ? interrogea Gueulfor. 

    – Je me débrouillerai, répondis-je avec sang-froid.

    Je savais que je mettrai du temps mais j'y arriverai, je le retrouverai, pour Harold. Les jumeaux, quand à eux, restaient visiblement perplexes vis-à-vis du plan, en particulier Kranedur.

    – Qu'est-ce qu'il y a ? lui demandai-je.

    – Y a un truc que je pige pas dans ton plan ! s'exclama-t-il. Le truc de l'aileron pour que Krokmou puisse voler tout seul et aller chercher Harold et tout ça, ok, mais pourquoi envoyer Krokmou alors que c'est le seul dragon qui sache pas voler tout seul ?! C'est vrai, quoi… c'est complètement débile !

    Je m'avançai vers lui tout en le foudroyant du regard et une fois arrivée bien à son niveau, je le considérai, sourcils froncés, prête à lui sauter dessus.

    – Krokmou est le seul à pouvoir le retrouver, répliquai-je sèchement.

    Kranedur avait levé les bras en l'air s'avouant vaincu.

    – Bon, qui est avec moi ? (Ils levèrent tous le poing fièrement en me témoignant leur agrément) Je préfère ça.

    Cela faisait maintenant un mois qu'Harold se trouvait entre les mains de Drago, un mois que je n'avais aucune nouvelle de lui, un mois que nous étions séparés, un mois qu'il me manquait, un mois que je cherchais les plans de l'aileron autonome de son dragon. Et toujours rien. C'était vraiment surprenant de voir à quel point les jours ne passaient pas aussi vite quand il n'était pas là…

    Je me trouvais dans la forge, assise devant le bureau d'Harold, la tête posée dessus. J'avais cherché partout, dans tous les recoins que j'avais pu trouver et je n'avais rien trouvé. Alors je restais là, songeant à tout ça, seule dans l'ancien refuge d'Harold, du moins c'était ce que je pensais jusqu'à ce qu'on vienne frapper à la porte. Je relevai la tête instantanément, c'était Gueulfor, évidemment.

    – Astrid… lâcha-t-il en secouant la tête.

    – Mmh…

    – Il se fait tard… tu devrais aller te reposer un peu, tu as encore cherché toute la journée aujourd'hui. Allez viens.

    Il me tendit la main, je la pris. Comment lui expliquer que cet endroit était le seul lien qu'il me restait avec Harold ? Seul cet endroit avait le pouvoir de me réconforter. A la maison, je faisais des cauchemars, d'horribles cauchemars. Toutes les nuits depuis qu'Harold n'était plus là, je me réveillais en sueur, paniquée et les cauchemars reprenaient mais je ne pouvais pas le dire à Gueulfor, il s'occupait déjà assez de moi comme ça. Il finit par me raccompagner chez moi, je le remerciai d'une accolade affectueuse.

    – Merci Gueulfor, soufflai-je.

    Je poussai la lourde porte de notre hutte et pénétrai à l'intérieur sans faire de bruit, Valka était revenue coucher dans son ancienne maison depuis que j'étais seule. Elle dormait dans notre chambre, anciennement celle de Stoïk, tandis que j'avais décidé de passer mes nuits dans l'ancienne chambre d'Harold où je pouvais ressentir son unique présence. Erik, quand à lui, logeait dans la petite hutte aménagée de Valka. Je me dirigeai vers l'étage tout en faisant attention à ne pas la réveiller et me jetai sur le lit. Et là, je pleurai. Toute la pression des journées accumulées se déversait sous cette forme chaque soir avant mes cauchemars. Je n'avais pas l'habitude de pleurer mais l'absence d'Harold avait tout changé.

    – Non ! hurlai-je.

    Je haletai, j'étais complètement perdue. J'analysai la pièce dans laquelle je me trouvais, la chambre d'Harold. Je finis par me calmer et reposai ma tête doucement sur l'oreiller. Je ramenai la couverture à moi pour la sentir, l'odeur d'Harold émanait de l'étoffe. Je me remis en boule tout en serrant les épaisses couvertures contre moi et me rendormis.

    Lorsque j'ouvris les yeux, le soleil était déjà bien présent dans la pièce, la matinée était donc déjà bien avancée… Je m'en voulais de me réveiller si tard. Je me levai d'un bond hors du lit et m'habillai en vitesse puis sortis de la hutte sans prendre de petit déjeuner. Krokmou et Tempête m'attendaient dehors pour leur ballade matinale. Je grimpai alors sur le dos de Krokmou et plaçai mon pied sur la pédale permettant de faire fonctionner son aileron artificiel, Harold me l'avait montré tellement de fois qu'à présent je savais exactement comment le faire marcher. Nous nous envolâmes suivis de Tempête et partîmes faire notre petit tour. Voler sans Harold, ça n'était pas la même chose… A chaque fois que nous partions voler, on vivait toujours de nouvelles aventures, on expérimentait toujours des choses encore jamais tentées, on aimait ça tous les deux mais il n'était pas là et les jours se faisaient monotones, j'avais l'impression de revivre inlassablement la même journée et de ne pas pouvoir me défaire de ce cercle vicieux. Sans Harold, ma vie n'avait pas de sens, mon univers tournait autour de lui et lui seul. Cela faisait maintenant près d'un quart d'heure que nous volions, il était temps de rentrer surtout que le temps commençait à s'asssombrir. Je fis pencher Krokmou sur la gauche pour nous diriger vers Beurk et nous rentrâmes au village. Nous nous posâmes sur la terre ferme et j'eus à peine le temps de poser un pied au sol que déjà il se précipitait à toute vitesse chez Valka, où se trouvaient Erik maintenant… et Lifa. Je le suivis dans sa course pour saluer Erik et sa dragonne, suivie de près par Tempête, mais lorsque nous arrivâmes à la hutte, Lifa n'était pas là. Erik se tenait sur le seuil de la porte, un sourire au coin des lèvres.

    – Qu'est-ce qui se passe ? Où est Lifa ? m'étonnai-je.

    – Elle est partie avec ses œufs dans les hauteurs de l'île, ça va être le moment…

    – Comment ça ? Elle va avoir ses petits ? Là, tout de suite ? dis-je, de plus en plus surprise.

    – Les furies nocturnes sont des dragons très spéciaux, tu sais. Contrairement aux autres dragons, leurs œufs n'explosent pas, la ponte a lieue peu après l'accouplement et les bébés furies nocturnes naissent seulement par grand orage… comme aujourd'hui. Ils doivent se faire frapper par la foudre pour éclore.

    – Ah oui ? Leurs œufs n'explosent pas ? Je me disais aussi… Bon je crois que je vais être obligée de conduire Krokmou jusqu'en haut alors ! A toute à l'heure !

    Contente que ces œufs n'explosent pas… ça fait un problème de moins à gérer ! Je m'envolai donc avec Krokmou à la recherche de Lifa, sous la tempête. Avec les torrents de pluie qui tombaient, je parvenais difficilement à distinguer quoi que ce soit. Même Tempête avait pris la décision de ne pas venir… Krokmou finit par utiliser son onde plasma pour localiser la présence de Lifa. Il se dirigea alors à toute vitesse vers un point culminant de Beurk. Nous atterrîmes près de la furie nocturne et je laissai Krokmou aller la rejoindre. Son côté protecteur qu'il avait longtemps manifesté pour Harold apparaissait dès lors dans toute sa splendeur auprès de sa famille qui était tout juste en train de se former. La pluie et le vent se déchaînaient tout autour de moi, j'étais trempée mais cette scène me rendait si heureuse que je n'en avais rien à faire. Tout à coup, le tonnerre gronda et quelques secondes plus tard, la foudre frappa les trois petits œufs et ce fut la chose la plus magnifique qu'il m'eut été donné de voir. Trois petits furies nocturnes sortirent des œufs et se firent lécher par leur parents, ils étaient adorables et j'avais la chance d'assister à ça. Krokmou avait l'air tellement heureux… Il leva la tête vers moi et je lui souris, émue. Ce fut à cet instant là qu'il comprit que son maître lui manquait terriblement, parce qu'il n'était pas là, à côté de moi.

    Deux mois s'étaient écoulés depuis qu'Harold n'était plus là. Les bébés furies nocturnes avaient bien grandi, ils volaient avec leurs parents à présent. Quand à moi, je gardais espoir, j'avais retrouvé un des plans de l'aileron autonome de Krokmou, c'était déjà un bon début. J'étais donc à la forge en train d'essayer de déchiffrer le plan d'Harold pour savoir ce que j'avais besoin pour mettre en forme l'aileron.

    – Vingt tonnes d'acier… Heu… non vingt kilos ! Vingt kilos d'acier ! m'exclamai-je. Je vais jamais y arriver… soupirai-je, la tête dans les mains, les bras accoudés sur une table.

    Je me remis dans mon déchiffrage difficile quand soudain j'entendis des voix acclamatives s'élever de la grande place. Je bondis de ma chaise et me dirigeai à grands pas vers les acclamations des vikings de Beurk. Une jeune femme à la chevelure ébène tressée descendit de son razolame pour venir me saluer.

    – Astrid ! cria-t-elle en me sautant dans les bras.

    – Ingrid ? Mais qu'est-ce tu fais ici ? demandai-je, déconcertée.

    – Et bien je suis venue pour vous voir toi et toute la bande ! s'exclama-t-elle.

    – Tu n'es pas en guerre contre quelqu'un en ce moment ? m'étonnai-je.

    – Et non, mes derniers conflits ont pris fin il y a quelques semaines déjà ! Alors, je suis en vacances en quelque sorte. C'est pour ça que je suis venue vous passer le bonjour !

    – Tu es ici chez toi Ingrid, tu peux rester autant de temps que tu le souhaites.

    – Merci Astrid, c'est très gentil de ta part. Sinon, tout se passe bien à Beurk ? Je n'ai pas vu la bande accourir pour me saluer… Où sont-ils tous passé ? me questionna-t-elle sur le ton de l'humour avec néanmoins une pointe d'inquiétude dans la voix.

    – Euh… Suis moi jusqu'à la forge, tu veux ? J'ai deux, trois choses à t'apprendre…

    Elle me suivit donc jusqu'à la forge, je l'invitai à prendre une chaise et je m'assis à côté d'elle devant ma table de travail. Je lui pris la main.

    – Ingrid, ce que je vais te dire est dur à entendre alors…

    – Astrid, qu'est-ce qu'il y a ? Tu me fais peur…

    Je pris une grande inspiration.

    – Harold est gardé en otage par Drago Poinsanklan.

    Son visage se décomposa et elle mit sa main devant sa bouche.

    – Quoi ? Mais comment ? s'étrangla-t-elle.

    – On a été fait prisonniers tous les deux mais Drago voulait Harold pour lui tout seul mais Harold a refusé d'aller avec lui alors Drago a dit que s'il ne lui obéissait pas, il s'en prendrait à moi…

    – Alors Harold est resté pour te protéger… C'est lui tout craché… Mais qu'est-ce que vous attendez pour aller le chercher ?

    – On ne peut pas, Gueulfor et Valka ont fait un marché pour me sauver des hommes de Drago. Et de toute façon, on aurait aucune chance, on est pas assez nombreux pour les battre… La flotte de Drago est gigantesque et Göteborg est une ville commerciale, trop peu de gens connaissent l'existence des dragons là-bas.

    – Drago est à Göteborg ? Mais qu'est-ce qu'il fabrique là-bas ?

    – J'en sais rien mais le fait qu'il nécessite l'aide d'Harold dans son plan ne présage rien de bon…

    – Je te connais Astrid, tu n'es pas du genre à baisser les bras aussi facilement alors qu'est-ce que tu as prévu pour lui ?

    – Le marché était que nous ne revenions jamais à Göteborg mais… il n'a jamais parlé des dragons. Je vais envoyer Krokmou chercher Harold.

    – Le seul dragon qui ne sache pas voler tout seul ? Harold détint vraiment sur toi, je ne vous suis plus avec votre tactique de l'effet de surprise !

    – Krokmou est le seul à pouvoir le retrouver, il est aussi très discret contrairement aux autres dragons et ne t'en fais pas pour ce qui concerne son vol en solo, regarde.

    Je lui indiquai les croquis sur la table. Elle les regarda, perplexe puis leva les yeux vers moi, m'interrogeant du regard.

    – Hum… Qu'est-ce que c'est ?

    – Harold avait fait un aileron à Krokmou pour qu'il puisse voler tout seul et il n'en a pas voulu mais il reste des croquis et des plans dans son atelier que j'essaye de retrouver pour lui refaire cet aileron afin qu'il aille sauver Harold.

    – Bon plan. Et tu en es où exactement ?

    – Et bien, j'ai seulement trouvé la liste des matériaux que j'aurais besoin pour la faire. J'étais en train de la déchiffrer avant que tu n'arrives.

    – Et les autres, qu'est-ce qu'ils font ?

    – Ils sont aux renseignements. Valka et Gueulfor essayent de rallier les autres tribus à notre cause pendant que le reste de la bande surveille de loin ce qui se trame à Göteborg.

    – Astrid, dit-elle dans un sourire, je vais tout faire pour t'aider à retrouver Harold, tu as ma parole.

    Elle me serra fort dans ses bras et je craquai. C'était trop, elle débarquait à peine qu'elle me proposait déjà son aide. Je tentai de retenir mes sanglots mais je n'y parvenais pas.

    – Il me manque… soufflai-je.

    Elle caressa mes cheveux pour tenter de me consoler mais j'étais inconsolable.

    – Oh… Astrid… Ça va aller… Tu es forte… On va réussir à le sauver, ensemble, bredouilla-t-elle.

    J'étais forte, oui, mais là je n'y arrivais pas.

    Nous finîmes la journée dans la forge à déchiffrer ensemble la liste des choses dont nous aurions besoin pour réaliser l'aileron de Krokmou. Nous parvînmes à déchiffrer entièrement la liste et on commençait même à comprendre un peu le schéma de l'aileron présent sur la liste. Ingrid avait promis de m'aider et elle le ferait. La bande finit par arriver et fut surprise de voir Ingrid à mes côtés. Rustik accourut dans sa direction et la prit dans ses bras.

    – Ingrid ! Ça faisait longtemps ! s'exclama-t-il.

    Elle s'empressa de se dégager de son étreinte mais ce fut au tour des jumeaux de se jeter sur elle.

    – Alors Ingrid ? Quel bon vent t'amène sur Beurk ? questionna Kranedur.

    – Est-ce qu'il y aurait une raison particulière à ta présence ici ? renchérit Kognedur.

    Varek s'approcha timidement d'Ingrid pour venir la saluer à son tour et venir apaiser la situation.

    – Salut Ingrid, comment ça va depuis la dernière fois ?

    – Très bien, merci Varek, répondit-elle d'une voix mielleuse.

    – Le village organise un banquet pour ton arrivée Ingrid, rendons nous à la grande salle, annonçai-je.

    – Varek, tu m'accompagnes ? demanda Ingrid.

    – Qui ? Moi ?

    – Qui d'autre ? sourit-elle.

    – Heu oui, bien sûr…

    Ils se dirigèrent donc tous les deux, main dans la main, vers le grand Hall, je commençai à les suivre quand j'entendis les lamentations de Rustik derrière moi.

    – Comment elle a pu préférer ça à ça ?! clama-t-il.

    – Et il se demande toujours pourquoi il ne m'intéresse pas ? soupira Kognedur à l'intention de son frère.

    Nous finîmes par pénétrer à l'intérieur de l'imposant bâtiment. La fête battait son plein à l'intérieur, tout le monde appréciait beaucoup Ingrid sur Beurk et puis ça changeait de l'ambiance habituelle qui régnait depuis quelques temps sur le village. Nous nous assîmes tous ensemble à une table et nous commençâmes à discuter de tout et de rien, cela faisait longtemps que je n'avais pas passé du temps avec tous mes amis et ça aussi, ça m'avait manqué.

    – Tu sais Ingrid, tu peux rester dormir dans ma hutte pour ce soir si tu n'as nulle part où aller ? Bien sûr ça ne serait que temporaire enfin je veux dire… proposa maladroitement Varek à Ingrid.

    – Je serai ravie que tu m'accueilles chez toi Varek, répondit Ingrid doucement, le sourire aux lèvres en le regardant amoureusement.

    Elle devenait incroyablement niaise quand il s'agissait de Varek, il faudrait que je lui en parle un de ces jours… J'avais à présent une véritable amie prête à m'aider et qui me soutenait. Ingrid était mon amie et j'étais contente qu'elle soit là, à mes côtés.

    Un mois avait passé depuis l'arrivée d'Ingrid sur Beurk. Nous étions parvenues à retrouver tous les plans de l'aileron de Krokmou malgré l'excellente cachette qu'avait choisi Harold. Grâce à Ingrid, j'avais réussi à tout déchiffrer et nous avions commencé la réalisation du prototype avec l'aide de Gueulfor, il nous manquait encore quelques éléments pour la fabrication mais nous devrions réussir à le terminer bien assez tôt pour pouvoir sauver Harold. Ingrid m'avait redonné espoir, un espoir qui grandissait chaque jour. J'avais même repris les expéditions, j'étais en pleine forme. J'étais d'ailleurs en plein raid accompagnée d'Ingrid, Varek et Rustik. Nous nous dirigions vers Göteborg afin d'en savoir un peu plus sur les intentions de Drago et sur ses projets. Nous allions donc surveiller les trafics de bateaux de la ville. Pour la première fois depuis qu'Harold n'était plus là, j'étais confiante et je me sentais utile. A peine étions nous arrivés que Rustik avait déjà repéré un navire.

    – Il me paraît louche ce bateau… lâcha-t-il.

    – Il ne me dit rien qui vaille non plus, approuva Varek. Allons voir de plus près !

    Nous suivîmes donc les garçons pour approcher la chaloupe afin de mieux voir ce qui se tramait à l'intérieur. Nous étions dissimulés derrière des rochers pour que nous ne nous fassions pas repérer et nous observâmes le bateau.

    – Eh ! Regardez vous autres ! Il y a des dragons en cage sur le pont ! s'écria Rustik.

    – Oh mon Thor ! Oh mon Thor ! Oh mon Thor ! répéta Varek, paniqué.

    – Mais ils sont en armures ces dragons ! constatai-je.

    – Et ces cages, ces chaînes… Elles ressemblent à celles que Dagur avait utilisées ! remarqua Ingrid.

    Nous nous regardâmes simultanément.

    – Drago ! nous écriâmes.

    Rustik et Varek nous dévisagèrent, perplexes.

    – Depuis le début, c'est Drago ! Il a commencé sa vengeance bien plus tôt qu'on ne se l'imaginait… C'est lui qui a vendu les bateaux résistants aux dragons à Dagur ! s'exclama Ingrid.

    – Et maintenant, ces dragons en armures ! Il prépare une guerre par tous les dieux !

    – Heu… Les filles, c'est pas que je voudrais vous interrompre mais… je crois qu'on s'est fait repéré ! lança Rustik.

    – Fichons le camp d'ici ! cria Ingrid.

    Nous nous éloignâmes le plus vite possible du navire mais les hommes avaient déjà commencé à nous tirer dessus.

    – Allez plus vite Chouchoute ! gémit Varek.

    – Astrid, mais qu'est-ce que tu fais ? Faut y aller là ! m'interpella Ingrid.

    Tout à coup, je ne me sentis pas bien, tout tournait autour de moi… Ce devait être à cause de toutes ces révélations, nous étions encore plus en danger maintenant ! Il allait falloir que j'entreprenne une multitude de démarches et je… Je me sentis tomber, je tombais de ma dragonne. J'entendis au loin la voix d'Ingrid crier mon nom et celle-ci se diriger vers moi en pique pour me rattraper, puis plus rien.

    Lorsque j'ouvris les yeux, Ingrid était penchée sur moi, elle avait l'air émue et me souriait, elle avait dû avoir très peur pour moi. Je scrutai les environs tout en me passant une main sur le visage, j'étais allongée dans un lit, visiblement chez Gothik. Je tournai la tête vers Ingrid.

    – Qu'est-ce qui s'est passé ?

    – Tu as fait un malaise. Tu es tombée de ton dragon et je t'ai rattrapé, de justesse…

    – Oh non… Je vous ai pas fait repérer au moins ?

    Ingrid éclata de rire, elle ne me prenait pas au sérieux ?

    – Astrid tout va bien… En faite, j'ai quelque chose à t'annoncer…

    Elle persistait à garder ce sourire radieux aux lèvres, je ne comprenais pas.

    – Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? Pourquoi tu me fixes comme ça ? demandai-je, déconcertée.

    Elle sourit de plus belle puis prit une grande inspiration.

    – Astrid… Tu es enceinte ! s'écria-t-elle.

    – Quoi ? Mais comment ? m'étranglai-je.

    – C'est pour ça que tu étais aussi lunatique ces derniers temps !

    – Et moi qui ne me suis rendue compte de rien… soufflai-je.

    J'étais submergée par tant d'émotions en même temps… mais la peur dominait, j'étais effrayée à l'idée de refaire une fausse couche… Je ne pourrais pas supporter ça une nouvelle fois, encore moins si Harold n'était pas là.

    – Qu'est-ce qu'il y a ? Ça va pas ? s'inquiéta Ingrid.

    – Non… c'est juste que… Ingrid, la dernière fois que je suis tombée enceinte… j'ai… perdu le bébé… sanglotai-je.

    – Je suis désolée.

    – Tu ne pouvais pas savoir, ajoutai-je.

    – Mais c'est quand même une bonne nouvelle… Je veux dire, tu es enceinte ! Tu vas avoir un bébé, c'est pas merveilleux ça ? s'exclama-t-elle.

    Je lui souris, au bord des larmes.

    – Si ! acquiesçai-je, émue.

    Elle m'entoura de ses bras et me serra très fort contre elle. J'étais remplie de joie et à la fois de craintes mais j'étais tellement heureuse d'être retombée enceinte que je ne songeais plus qu'à ça.

    – Je suis tellement heureuse pour vous deux… souffla-t-elle au creux de mon oreille.

    Harold. Son retour sur Beurk était désormais primordial.


    – Tiens, régale-toi… lâcha ironiquement l'homme qui venait me donner à manger dans ma cellule une fois par jour afin que je reste en vie.

    Il me lança mon pain à travers les barreaux et fit glisser un bol de soupe entre ces mêmes barres puis il partit. Je mangeai mon pain doucement afin de faire durer ce moment devenu si précieux depuis ces quatre derniers mois. Je trempai mon pain dans le bouillon afin de lui rendre un peu de goût mais il restait toujours aussi fade et rassie. Cependant, cette simple action de manger me rendait la vie sauve et je gardais espoir. Je savais que je sortirais d'ici tôt ou tard. Je n'avais pas reçu d'autres corrections aussi violentes que lors de mon premier jour ici, j'avais été frappé quelques fois mais rien de plus. Ils se servaient de moi pour autre chose, pour dresser leurs dragons en armures. Drago les avait visiblement maltraités et maintenant, ils étaient incontrôlables. Ces dragons étaient devenus complètement dingues et n'écoutaient absolument rien, je passais donc quelques heures par jour avec eux afin de tout leur réapprendre. Je devais les amener à me faire confiance et à ce qu'ils m'écoutent et c'était extrêmement compliqué. Lorsque je n'étais pas avec eux, Drago me recevait dans ses quartiers et il me parlait de ses projets funestes, il était persuadé que j'allais mourir avant que la guerre ne commence et que personne ne viendrait me sauver. Je devais discuter avec lui et nous débattions sur de grands sujets, il écoutait attentivement mes arguments mais les siens lui donnaient toujours raison, il n'avait jamais tord selon lui. En échangeant avec lui, j'avais compris quel personnage était Drago, un homme sans pitié, imbu de sa personne, se croyant au-dessus de tout le monde et persuadé d'être le chef que tout le peuple viking attendait. En clair, Drago était mentalement atteint, un homme traumatisé de voir sa famille enlevée par les dragons et voulant assouvir une vengeance n'étant plus d'actualité aujourd'hui. Malgré tout ça, j'avais appris des éléments importants sur sa tactique militaire qui me permettraient de préparer Beurk au mieux si cette guerre avait effectivement lieue.

    Au bout d'un moment, on vint finalement me chercher pour m'amener dans l'arène d'entraînement du château. J'arrivai donc dans l'arène et retrouvai un des dragons en armure que j'avais nommé Raspar. Drago était contre le fait que je donne des noms aux dragons mais je lui avais expliqué l'importance d'un nom dans le rapport de confiance entre les dragons et moi et il n'avait pas insisté, c'était le seul domaine où il m'écoutait parce que c'était le seul domaine dans lequel je l'impressionnais. J'approchai alors Raspar avec qui j'avais lié une confiance plus ou moins stable (du fait de sa récente arrivée à Göteborg) et lui caressai affectueusement la tête. Je commençai donc l'entraînement en lui indiquant les diverses exercices à réaliser, tout se passait bien jusqu'à ce qu'il refuse catégoriquement que je lui passe une selle sur le dos. Je tentais tranquillement de le calmer quand Drago intervint en m'ordonnant de le frapper s'il ne m'écoutait pas.

    – Je refuse de le faire, ce dragon a déjà été assez maltraité comme ça, répondis-je.

    Drago pesta d'une colère noire.

    – Comment oses-tu désobéir à mes ordres ?! Gardes ! Amenez-le-moi, tout de suite ! ordonna-t-il.

    Je n'eus pas le temps de réagir que deux de ces hommes me saisirent par les bras et m'amenèrent devant Drago. Il sortit son couteau et demanda aux hommes de retirer mon haut.

    – Retournez-le ! Tu vas voir ce qu'on fait aux gars comme toi qui ne respectent pas les ordres !

    Il planta son couteau dans la chair de mon omoplate, je hurlai.

    – Ça fait mal hein ? lâcha-t-il.

    Il continua de graver ma chair avec son couteau, à chaque nouveau trait, il m'interpellait.

    – Alors tu crois que tu vas recommencer ?

    – Non… répondis-je, d'une voix à peine audible.

    – J'ai pas entendu, non qui ?

    – Non, Maître, parvins-je à articuler.

    Il déchira de nouveau mon omoplate, laissant se déverser des torrents de sang sur mon dos. La douleur devenait de plus en plus insupportable.

    – Qui est-ce qui commande Harold ? demanda-t-il finalement.

    – C'est toi, Drago.


    Je n'en revenais pas. Au bout de cinq mois acharnés, nous y étions enfin parvenus : l'aileron de Krokmou était enfin terminé ! J'étais dans la forge avec Gueulfor et Ingrid, en train de les serrer chaleureusement dans mes bras.

    – Vous ne pouvez pas savoir à quel point je vous suis reconnaissante, sans vous je n'y serai jamais arrivée ! m'exclamai-je. Merci.

    – Allons, c'est bien normal, c'est pour sauver le chef ! rétorqua Gueulfor avec humour.

    – Astrid qu'est-ce que t'attends ? Va lui le mettre ! ajouta Ingrid.

    Je leur souris et m'éclipsa dehors, l'engin dans les bras, à la recherche de Krokmou. Il ne fut pas difficile à trouver, je m'approchai de lui mais il eut un mouvement de recul lorsqu'il reconnut l'objet.

    – Attends ! Tu sais bien, je t'en ai déjà parlé… Je sais que tu ne voulais plus l'utiliser mais là, c'est pour Harold. Je veux que ça soit toi qui aille le sauver mon grand, souris-je, les yeux emplis d'espoir.

    Il finit par se rapprocher et frotta sa tête contre moi, je lui caressai affectueusement la tête puis le serrai fort dans mes bras.

    – Merci mon grand, soufflai-je.

    Je lui retirai son ancien aileron et lui fixai le nouveau à sa place.

    – Allez, vas-y, essayes le ! fis-je.

    Il vola au-dessus de moi en essayant plusieurs manœuvres afin de vérifier la fonctionnalité de l'aileron puis redescendit me voir.

    – Et bien, tout à l'air de fonctionner parfaitement…

    Je posai une main rassurante sur le haut de sa tête en le regardant droit dans les yeux.

    – Je compte sur toi mon grand, tout le monde compte sur toi et je crois en toi. Je t'en pris, ramène-moi Harold, Krokmou.

    Il me lécha entièrement la tête, signe d'acquiescement chez lui, et s'envola vers Göteborg.


    Je ne tiendrais plus encore très longtemps ici. J'avais perdu beaucoup de poids, je ne sortais plus aussi souvent de ma cellule depuis que j'avais refusé d'obéir à Drago. Je passais mes journées entières, enfermé dans ma cellule, à attendre et à dépérir. Je devais faire peur à voir, de plus, les hommes de Drago avait recommencé à me battre et leur instrument de prédilection était le fouet. Je n'en dormais plus, j'avais l'impression de vivre une torture sans fin, aussi bien mentale que physique. La seule chose à présent qui me maintenait en vie, c'était Astrid. L'image de son sourire. Elle m'attendait.

    Contre toute attente, des hommes vinrent me trouver dans ma cellule.

    – Drago souhaite te recevoir, dans l'arène, annonça l'un deux.

    C'était à peine si je tenais sur mes jambes, je finis par réussir à me lever et suivis les hommes à travers les couloirs étroits des souterrains du château. Lorsque nous arrivâmes aux côtés de Drago, celui-ci m'expliqua qu'il voulait me voir pour une certaine raison quand tout à coup un bruit sourd se fit entendre, j'aurais reconnu ce cri entre mille. Une projection plasma précéda le cri bien reconnaissable d'un furie nocturne. Je n'en croyais pas mes yeux.

    – Krokmou !

    Dans la fumée produite par le tir, il m'attrapa et m'extirpa en dehors de l'arène, bientôt, nous survolions le château. J'entendis au loin les cris mécontents des hommes de Drago mais je n'en avais plus rien à faire, j'étais de nouveau libre. Krokmou se posa un instant afin que je monte sur son dos et il décolla aussitôt en s'envolant à toute vitesse, sans aucune aide de ma part. Je me penchai sur lui et lui entourai le cou de mes bras.

    – Merci mon grand… soufflai-je. Tu m'as sauvé…

    Je lui tapotai affectueusement l'échine avant de sombrer dans le néant, j'avais besoin de me reposer et puisqu'il réussissait à voler tout seul, je me laissai tomber d'épuisement.

    Lorsque j'émergeai de mon sommeil, nous n'étions pas encore arrivés sur Beurk. Il fallut encore plusieurs minutes avant que je n'aperçoive les statues imposantes du village, situées un peu en avant de l'île. Je finis par apercevoir la place du village et je commençai à entendre les voix des villageois… acclamer mon retour ? Nous étions tout près, je voyais tous ces gens heureux, soulagés mais je cherchais quelqu'un au milieu de toute cette foule. Et je finis par la trouver. Krokmou se posa rapidement au milieu de la place, je descendis et courus à toute vitesse dans sa direction pour aller la rejoindre.

    – Astrid ! m'écriai-je.

    – Oh mes dieux, Harold ! s'exclama-t-elle.

    Nous atterrîmes brutalement dans les bras l'un de l'autre et je la serrai de toutes mes forces, je m'accrochai à elle comme si ma vie en dépendait. Je resserrai mon étreinte pour la sentir encore plus proche de moi, j'avais besoin de ressentir sa présence, de savoir qu'elle était vraiment là avec moi.

    – Je suis… désolé… de ne pas avoir été là, murmurai-je entre deux sanglots. Je t'aime Astrid, je t'aime tellement !

    – Chut… Je suis là maintenant, dit-elle en me caressant les cheveux d'une main tremblante.

    Elle prit ensuite ma tête entre ses mains.

    – Et je t'aime… ajouta-t-elle, les larmes aux yeux.


  • Commentaires

    1
    AngelsFriendsStyle
    Lundi 31 Août 2015 à 23:31
    Snif... c'est magnifique ! TwT Les retrouvailles après cinq longs mois de torture pour Harold et de doute pour Astrid les voila réuni ! C'est juste splendide ! *^* Et c'était vraiment émouvant tout ça ! J'avais même limites les larmes aux quant Harold prend Astrid dans ses bras c'est magnifique et tellement triste à la fois Harold m'a même fait trop de peine qu'il sois aussi faible et meurtrie mais trouve de l'énergie pour serrer sa bien aimé dans ses bras et il éclate en sanglot ! T^T Tropppppp beau ! *w* Quel enculé Drago ! Putain coup de couteau dans l'omoplate ! X_X Et Ingrid qui arrive dans l'histoire prêté main forte ! Heureusement qu'elle était là ! *^* Et puis trop mignon le moment avec les bébé furie nocturne ! Et très bien trouver l'idée des orage pour que les oeufs éclosent ! *-* Et Puis ..... Astrid est enceinte !!!!!!!!! Mais cest trop genial !*w* PAR CONTRE celui la il faut qu'elle le garde ! Pas de fausses couche cette fois ci !!! T^T Et là le suite va être géniale car Harold va revoir tout le monde et il va apprendre pour les bébés de Krokmou et aussi pour son bébé encore tout petit dans le ventre de sa maman ! *^* J'ai trooooooooooooop hâte ! Et puis tout le monde va être au petit soin d'Harold le soigner et tout ! *^* et de l'amour entree lui et Astrid ! *w* C'est trop de la balle ! 8DDDDD J'aurais pas gachis un Arizona pour rien ! C'était excellent ! *u* Vivement la suite je t'encourage et je te previens fais les scène QUE je tient à voire ! °wwww° Bisous !
      • Rafxsulfuslovestory Profil de Rafxsulfuslovestory
        Mardi 1er Septembre 2015 à 00:41
        Merci beaucoup ^w^ Je suis très heureuse que ces retrouvailles te plaisent ! (Oui j'ai réussi à te faire avoir la larme à l'œil !) Oui je fais tout pour que Drago soit perçu comme ça UwU Et oui Ingrid est la ! Ma sœur attendait tellement sa venue x) Merci ^^ J'ai trouvé l'idée bonne j'ai failli t'envoyer "N'an mais l'idée que j'ai eue" xD Et oui !! Tu me connais, il y a toujours une femme enceinte dans mes histoires... Le retour d'Harold sera fort en émotions ! Merci merci encore ! J'espère que le prochain chapitre répondra à tes attentes ! ^u^ Gros bisous !
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